La guerre gréco-turque d’Asie mineure de 1919 à 1923 constitue, selon nous, le plus important affrontement militaire de l’hellénisme après, bien évidemment, la Guerre d’Indépendance.
En effet, son début, le 2/15 mai 1919, marqué par le débarquement de l’armée grecque sur le quai de Smyrne, semblait réaliser la Grande Idée, cette Idée qui, depuis 1844, faisait vibrer continuellement la société et le monde politique grecs en imposant « sa » volonté. Pourtant, sa fin qui fut marquée, au début, par l’évacuation des côtes micrasiatiques des forces armées grecques le 5/18 septembre 1922 et, ensuite, par la signature du Traité de la paix à Lausanne, le 24 juillet 1923, eut trois conséquences. Tout d’abord, la fin de cette guerre gréco-turque enterra définitivement la Grande Idée ; ensuite, l’échange des populations entre la Grèce et la Turquie homogénéisa démographiquement le pays tandis que le Traité de Lausanne fixa une bonne fois pour toutes les frontières de l’État grec. En fait, depuis le jour de la signature du Traité de Lausanne, les frontières de la Grèce ne changèrent presque pas, la seule annexion de nouveaux territoires à l’État grec fut en effet celle des îles du Dodécanèse en 1947.
Certes, l’unification de la Grèce n’est pas achevée en 1923. Chypre, Dodécanèse et Épire du Nord étaient toujours sous le pouvoir politique des pays étrangers. Ce fait, allié aux Balkans toujours instables et aux relations gréco-turques fragiles voire, de temps en temps, conflictuelles, « obligeait » la Grande Idée à survivre sous une forme plutôt latente chez une partie de la société grecque.
Autrement dit, même si pour certains la Grande Idée « mourut » en 1922-1923, pour d’autres, celle-ci était/est encore là, prête à (ré)-mobiliser les masses.
Dans cette perspective, à la fin de cette guerre, la Grèce « entra » désormais, certes de façon profondément brutale, dans une nouvelle période, l’époque contemporaine. Désormais, le grand objectif ne fut pas le prolongement des frontières comme durant tout le XIXe et le début du XXe siècle ; mais le but fut de « digérer » les réfugiés, de développer le pays et de stabiliser la démocratie.
De ce fait, la tentation était trop forte pour que le Grec que je suis puisse résister et ne pas plonger dans cette période riche en événements qui pèse jusqu’à nos jours sur la conscience collective des Grecs. Mais, pourquoi s’occuper du soldat de cette guerre voire du combattant volontaire ?
Anastasios ZOGRAFOS