jeudi 28 mars 2024

Thomas Edward Lawrence et les principes de l’insurrection

En 1946, le général français Raoul Salan a mené plusieurs entretiens avec Vo Nguyen Giap, le général vietnamien qui a planifié et conduit les opérations militaires contre les Français jusqu’à leur défaite à Dien Bien Phu. Salan faisait partie d’une mission de négociation créée pour finaliser le retour de l’autorité française au Vietnam. Plus tard, il commandera le Corps expéditionnaire français au Vietnam du 20 mai 1951 jusqu’à mai 1953, et il a conduit la dernière action militaire réussie contre Ho Chi Minh : une offensive nommée opération Lorraine, le 11 octobre 1952, dans laquelle les forces de Salan ont balayé la vallée de la Rivière Rouge et les jungles du Nord-Vietnam. L’année suivante, il remettra son commandement au général Henri-Eugène Navarre, qui présidera au désastre de Dien Bien Phu.

Pendant ces entretiens de 1946, Salan a été frappé par l’influence d’un homme sur la pensée de Giap ; cet homme était Thomas Edward Lawrence. Giap a dit à Salan que « les Sept Piliers de la Sagesse de T. E. Lawrence est mon évangile du combat. Il ne me quitte jamais. » L’essence de la théorie de la guérilla à laquelle se réfère Giap peut être trouvée à deux endroits. Le premier et le plus accessible n’est autre que les nombreuses éditions des Sept Piliers de la Sagesse, notamment le chapitre 33. Le deuxième est un article portant le titre « The Evolution of a Revolt », publié en octobre 1920 dans le Army Quarterly and Defence Journal. Tous deux sont basés sur l’évaluation pratique et réfléchie par Lawrence de la situation à laquelle faisaient face les forces arabes dans la région du Hedjaz, au sein du désert saoudien, en mars 1917.

Algébrique, biologique et psychologique

Jusqu’à cette époque, Lawrence avait passé plus d’une année aux côtés des bédouins arabes contre les Turcs. Il avait tiré de cette expérience deux théorèmes de la guérilla qui forment une base théorique et un point de départ pour le reste de ses idées liées à la conduite d’une insurrection. Lawrence affirmait en premier que des troupes irrégulières sont incapables de défendre une position contre des forces conventionnelle, et qu’elles sont également incapables d’attaquer efficacement une position fortement défendue. Si ces théorèmes sont corrects, se demandait Lawrence, quelle valeur peuvent donc avoir ses forces irrégulières ? Cela devint la question de base qu’il chercha en premier à éclairer.

En se tournant sur lui-même, Lawrence comprit qu’à l’instar de tout autre officier éduqué dans la pensée et les traditions militaires occidentales, son attitude envers la guerre était dominée par le dogme de l’anéantissement : une obsession selon laquelle « le principe de la guerre moderne consiste à rechercher l’armée ennemie, le centre de sa puissance, et la détruire au combat. » Mais il apparut à Lawrence que malgré l’absence de toute bataille d’anéantissement, les Arabes étaient en train de gagner la guerre : « alors que j’y réfléchissais, j’ai compris que nous avions gagné la guerre du Hedjaz. Nous occupions 99% du territoire. Les Turcs étaient les bienvenus dans le reste. […] Ils étaient tranquillement assis [à Médine] ; si nous les faisions prisonniers, ils nous coûteraient de la nourriture et des gardiens en Egypte. […] A tous points de vue, il était préférable qu’ils restent là, qu’ils tiennent à Médine et veulent la garder. Laissons-les ! »

Lawrence se demanda ensuite s’il n’existait pas d’autres guerres, différentes des guerres d’anéantissement que vantaient des généraux français comme Ferdinand Foch et d’autres contemporains et dont ils parlaient avec un tel enthousiasme. Il en conclut, après une réminiscence de son étude de Clausewitz, qu’il y avait effectivement plus qu’un type de guerre, que le facteur déterminant était l’objectif pour lequel la guerre était initialement menée. Il n’entrait simplement pas dans le cadre des intérêts arabes, ni dans celui de leurs capacités, d’anéantir les Turcs. L’objectif des Arabes était géographique : occuper la plus grande partie possible du Moyen-Orient arabe. Maintenant, si l’objectif des Arabes était un intérêt géographique plutôt que la destruction des forces ennemies, il jetait une lumière entièrement nouvelle sur le rôle des irréguliers. Etant donné la validité de ces deux théorèmes, quel rôle l’insurgé arabe avait-il dans une guerre d’occupation ?

Afin de répondre à cette question, Lawrence a développé un cadre conceptuel simple, rien d’autre qu’une sorte de tableau à trous mental pour accrocher des concepts et des idées en relation l’un avec l’autre, mais avec une structure suffisante pour penser à toutes les idées comme un tout. Le tableau de Lawrence comprenait trois concepts ou catégories d’analyse, des crochets conceptuels qu’il appelait l’algébrique, le biologique et le psychologique.

Par algébrique, Lawrence entendait ces facteurs spatio-temporels qui sont sujets au calcul. Il a ainsi commencé à calculer la taille du secteur que les Arabes devraient conquérir et combien de Turcs il faudrait pour le défendre. Lawrence détermina qu’il faudrait au moins 600 000 soldats pour fournir une défense adéquate. Les Turcs n’avaient que 100 000 hommes et la plupart étaient concentrés à l’intérieur et autour de Médine. Lawrence reconnut également que les Turcs, avec leur bagage mental rempli d’idées sur les batailles d’anéantissement, approcheraient la rébellion dans la perspective d’une guerre totale. Mais cela serait une erreur, parce que faire la guerre « à une rébellion est lent et chaotique, comme manger de la soupe avec un couteau. »

Le biologique était le deuxième élément dans le cadre conceptuel de Lawrence. Plus tard, il a utilisé le terme de « bionomiques » pour représenter l’idée d’usure et de friction au sein d’un système militaire. Lawrence est parvenu à la conclusion qu’au lieu de détruire l’armée turque, les Arabes avaient simplement besoin de l’user. L’épuisement, et non la destruction, occasionnerait cela, par le biais d’attaques directes sur le matériel de l’ennemi : « la mort d’un pont ou d’une voie ferrée turque, d’une mitrailleuse, d’un canon ou d’explosifs nous était plus profitable que la mort d’un Turc. » De ce fait, la faiblesse des irréguliers – leur incapacité à affronter face à face les réguliers au combat – pouvait être rendue sans objet dès lors que les Arabes s’en prenaient au matériel accessible de l’ennemi. Mais la clef d’une telle stratégie était la disponibilité de renseignements presque parfaits. Lawrence, lui-même officier de renseignements, a noté que la connaissance de l’ennemi devait être « sans faute, ne laissant aucune place au risque. Nous avons fait davantage d’efforts dans ce domaine que n’importe quel autre état-major que j’ai vu. »

Le dernier facteur d’analyse était le psychologique. Lawrence comprit que dans une insurrection, la vraie bataille se jouait dans l’esprit des opposants. Pour être victorieux, les Arabes devaient « ranger leurs esprits en ordre de bataille, aussi prudemment et formellement que d’autres officiers alignaient leurs corps. » Cela signifiait aussi que le soutien moral au sein de la population devait être mobilisé pour la rébellion.

 

Les 6 principes de l’insurrection 

A la lumière de cette analyse, Lawrence développa un plan de base auquel il s’est tenu virtuellement jusqu’à la fin de la guerre. Il était construit sur une évaluation réaliste des irréguliers arabes et de leurs opposants turcs. Son but consistait à imposer aux Turcs le fardeau d’une défense longue et constante qui finirait par les épuiser. L’emploi de petites unités offensives très mobiles constituait le moyen pour atteindre cet objectif. Lawrence reconnut que le rapport troupes / espace déterminerait le caractère ultime de la guerre. En termes pratiques, cette idée profonde signifiait que « en ayant [par exemple] cinq fois la mobilité des Turcs, nous devrions être en termes [égaux] avec eux avec un cinquième de leurs effectifs. » De ce fait, Lawrence en vint de plus en plus à considérer la guerre désertique comme équivalente à la guerre navale.

Pour Lawrence, le chameau était effectivement un vaisseau du désert. Il donnait à la guérilla désertique une incroyable autonomie, et donc une mobilité opérative à Lawrence et à ses forces arabes. Avec le chameau, les troupes étaient capables de transporter des vivres pour 6 semaines. Même sous les températures les plus élevées, les chameaux pouvaient avancer 3 jours sans eau. Selon Lawrence, cela signifiait que les chameaux pouvaient couvrir presque 400 km entre les points d’eau, à l’incroyable vitesse de presque 5,6 km/h. Cela signifiait aussi que les irréguliers arabes avaient une autonomie opérationnelle supérieure à 1600 km, suffisante pour jeter un filet menaçant sur toute la péninsule arabique – et au-delà. Lawrence lui-même a chevauché en un mois sur 2400 km sans ravitaillement.

Après avoir rejeté la nécessité de battre les Turcs dans une bataille décisive, Lawrence était capable de renoncer au maintien de formations denses et vulnérables qui caractérisent la structure des forces conventionnelles. La formation de manœuvre essentielle que Lawrence a employée exclusivement était le groupe de raid, alors que les Turcs utilisaient la division. Le but de Lawrence était d’atteindre une « articulation maximale » des forces arabes. Si son objectif stratégique était de s’étendre dans les étendues vides de la péninsule arabique, il était logique qu’il emploie des nuages de raiders pour occuper ce vaste territoire. Cette approche, cependant, exploitait l’indépendance innée des irréguliers arabes, et personne ne comprenait mieux cela que Lawrence.

Le guérillero arabe, monté sur son chameau, était en soi une force indépendante. Lawrence a écrit que « l’Arabe était simple et individualiste. Chaque homme enrôlé servait au combat et était autonome. Nous n’avions aucune ligne de communication ou troupes de soutien. L’efficacité de chaque homme était son efficacité personnelle. Nous pensions que dans nos conditions de combat, la somme fournie par des combattants individuels serait au moins égale au produit d’un système composé. […] Dans la guerre irrégulière, si deux hommes sont ensemble, un est gaspillé. »

De l’analyse précitée, Lawrence a extrait 6 principes fondamentaux de l’insurrection qui aujourd’hui encore conservent un bien-fondé remarquable.

  • Premièrement, un mouvement de guérilla victorieux doit avoir une base inexpugnable – non seulement contre les assauts physiques, mais également contre d’autres formes d’attaques, comme les attaques psychologiques.
  • Deuxièmement, la guérilla doit avoir un ennemi technologiquement sophistiqué. Plus la sophistication est grande, plus cette force étrangère s’appuiera sur des formes de communication et de logistique qui présenteront nécessairement des vulnérabilités.
  • Troisièmement, l’ennemi doit être en nombre suffisamment faible pour être incapable d’occuper le territoire disputé en profondeur, avec un système de postes fortifiés reliés entre eux.
  • Quatrièmement, la guérilla doit avoir au moins le soutien passif de la population, à défaut de son implication complète. Selon le calcul de Lawrence, « les rébellions peuvent être composées de 2% d’actifs dans la force de frappe et de 98% de sympathisants passifs. »
  • Cinquièmement, la force irrégulière doit avoir pour qualités fondamentales la vitesse, l’endurance, la présence et l’indépendance logistique.
  • Sixièmement, les irréguliers doivent disposer d’un armement suffisamment avancé pour frapper les vulnérabilités de l’ennemi dans le domaine de la logistique et des transmissions.

En résumant le bien-fondé pratique de sa propre théorie, Lawrence a cerné le point suivant : « Pour autant qu’ils aient la mobilité, la sécurité (ne pas fournir de cible à l’ennemi), le temps et la doctrine (l’idée permettant d’obtenir l’amitié de n’importe quel sujet), la victoire reviendra aux insurgés, car les facteurs algébriques sont finalement décisifs, et contre eux la perfection des moyens et la lutte des esprits restent vaines. »

Lawrence3Face aux guérillas modernes 

De ce qui précède, nous pouvons déduire plusieurs caractéristiques de la guérilla et de la guerre d’insurrection qui ont une importance contemporaine. Premièrement, pour l’insurgé, la guerre est toujours offensive, jamais défensive ; toujours prolongée, jamais précipitée. Deuxièmement, les médias d’actualité, spécialement en mode électronique, sont une arme de l’insurgé ; il lui revient de les manipuler, et s’il le fait, il les possède. Troisièmement, les guérillas sont toujours organisées selon la structure la plus petite et la plus létale possible ; c’est leur manière principale de survivre. En langage actuel [au sein de l’US Army, note du traducteur], toutes sont des unités d’action ; aucune n’est une unité d’emploi. Quatrièmement, comme Lawrence l’a compris, le rapport troupes / espace détermine le caractère des opérations militaires. Les règles physiques font de la force conventionnelle un solide mécanique, soumis à la pression constante de forces insurgées presque liquides. Cinquièmement, parce que les insurgés exigent des informations précises concernant la force conventionnelle, leurs actions deviennent des frappes de précision. Enfin, parce que les insurgés ont les caractéristiques physiques d’un fluide et la structure cybernétique d’un essaim, ils forment le réseau humain le plus évolué.

Bien que les forces insurgées posent des défis importants aux armées conventionnelles, la patience, la diligence et le bon sens permettent d’en venir à bout. C’est déjà ce qui se produit dans des endroits comme l’Irak et l’Afghanistan. Pour commencer, nous devons penser comme un insurgé; chaque mouvement, chaque plan, chaque concept et chaque action de notre part doit être évaluée et jugée à travers le regard de l’insurgé. D’autre part, l’action conventionnelle doit être caractérisée par la vitesse, le choc, la liberté d’action et l’endurance. Par ce dernier terme, j’entends l’endurance morale en tant que force de volonté et l’endurance logistique autorisant une action menée indépendamment d’un approvisionnement continu.

Par ailleurs, nous devons poser un regard permanent sur l’insurrection, par une surveillance durable et un ciblage de précision, tout en ne lui présentant aucune structure, aucune forme et aucun schéma évidents. Nous devons également battre les insurgés par une stratégie d’inoculation : organiser nos forces conventionnelles en petits anticorps offensifs qui vaccinent la population locale contre l’insurrection, dont la pathologie suggère que nous isolions les guérilleros physiquement, cybernétiquement et psychologiquement de leur base de soutien et des médias. Enfin, face à une insurrection, un dollar vaut souvent 10 cartouches ; ceux qui soutiennent les insurgés, de même que les insurgés eux-mêmes, peuvent être achetés par différentes sortes de paiements ou de flatteries.

Il existe cependant un autre aspect de la guérilla qui mérite une considération spéciale : le rôle du chef de l’insurrection. En définitive, le succès de Lawrence dans le désert d’Arabie a largement reposé sur ses capacités et ses talents de chef. Et ceci devrait nous rappeler que le leadership est la plus grande vulnérabilité des insurgés ; enlevez le chef, et vous aurez rendu l’insurrection impuissante et inefficace. Un bref examen du style de commandement propre à Lawrence offre un aperçu des qualités parfois rares ou uniques que doit avoir pour réussir le chef d’une insurrection.

En premier lieu, Lawrence combinait la sagesse, l’intégrité, l’humanité, le courage et la discipline avec l’empathie, soit l’aptitude s’identifier émotionnellement aussi bien avec les subordonnés qu’avec les supérieurs. Dans une insurrection, l’empathie joue un rôle spécialement crucial ; elle place le leader dans le cœur et les esprits de ses hommes. Il connaît immédiatement et intuitivement les limites physiques et psychologiques de ses propres troupes. Dans la guérilla, l’insurgé doit toujours opérer aux limites de l’endurance humaine normale – et souvent au-delà – pour maintenir un avantage moral sur un ennemi conventionnel plus puissant. L’empathie place également le leader insurgé dans l’esprit de son supérieur. Souvent privé de moyen de communication à de grandes distances du commandement supérieur, le chef doit toujours opérer comme si son supérieur était à ses côtés.

Ensuite, les chefs insurgés comme Lawrence sont victorieux parce qu’ils sont des instigateurs ; ils fournissent à leurs hommes la motivation, l’entraînement et l’habileté nécessaires pour accomplir une mission dans laquelle sinon ils échoueraient. Les instigateurs agissent largement comme des catalyseurs dans une réaction chimique, comme un facteur qui induit ou précipite le changement et l’action. Lawrence est parvenu à cela de trois manières. Premièrement, en tant qu’instructeur, il a enseigné à ses guérilleros les principes tactiques de base pour l’attaque. Deuxièmement, en tant que concepteur, il a établi les plans et les concepts qui ont été adroitement exécutés le long des lignes directrices stratégiques établies par le général Edmund Allenby. Enfin, en tant que gardien, il a conservé et préservé la puissance de combat de sa force létale mais fragile.

Thomas Edward Lawrence est mort le 19 mai 1935 après un accident de motocyclette, près de la maison où il s’était retiré dans le Dorset. Il était âgé de 46 ans. Malgré sa vie relativement courte, son influence était grande ; ses travaux écrits et ses liens personnels l’ont mis en contact avec des personnages tels que Sir Winston Churchill. L’un des liens intellectuels les plus forts était cependant celui avec B. H. Liddell Hart. L’association ici est spécialement évidente dans la plus grande part de son livre Strategy. La correspondance entre les deux rend très claire la dette intellectuelle que Liddell Hart doit à Lawrence, et de son côté Liddell Hart n’hésitait pas à exprimer sa gratitude. Il l’a fait par le biais d’une biographie bien conçue sur T. E. Lawrence, l’une des meilleures œuvres de Liddell Hart.

Ce dernier a reconnu le génie en Lawrence et, plus que la plupart, en a compris la source. Comme Clausewitz avant lui, il a vu que les hommes ne naissent pas géniaux, mais le deviennent par l’étude intensive et par l’application pratique. T. E. Lawrence et d’autres ont puissamment lutté contre les faiblesses et imperfections personnelles pour libérer ce génie. Lawrence lui-même l’a compris lorsqu’il a écrit à Liddell Hart, à propos de la biographie, « soulignez clairement que le commandement, au moins dans mon cas, n’est pas venu par instinct, de façon imprévue, mais par la compréhension, l’étude intensive et la concentration. S’il m’était venu aisément, je n’aurais pas autant réussi. Pour ma stratégie [insurrectionnelle], je n’ai pu trouver aucun enseignant dans le terrain ; j’avais derrière moi quelques années de lectures [et de rédactions] militaires. […] Avec 2000 ans d’exemples derrière nous, nous n’avons aucune excuse pour ne pas bien combattre. »

Sans le réaliser, T. E. Lawrence n’aurait pu écrire meilleure épitaphe.

Texte original : James J. Schneider, « T.E. Lawrence And the Mind of An Insurgent », Army Magazine, July 2005 

Traduction et réécriture : Ludovic Monnerat 

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