Debout, mon peuple ! La flamme monte, et la fumée !
Vois au Septentrion poindre la liberté !
Plonge et trempe le fer au cœur des ennemis !
Debout, mon peuple ! – La flamme monte, et la fumée !
Vite, à l’ouvrage, moissoneurs : les blés sont mûrs !
Le plus haut salut, l’espoir ultime habite les épées !
Que notre cœur loyal saigne à flot sous leurs armes !
…
Brise le soc, jette à terre le ciseau !
Poète, tisserand, laisse là ton ouvrage !
Que l’on quitte la ferme et quitte le château !
Le dieu qui sent passer le souffle des drapeaux
Veut voir son peuple entier debout et sous les armes.
L’aurore impérissable où point la liberté
Attend que l’on bâtisse un autel à sa gloire ;
C’est à nous d’en tailler la pierre à coup d’épée
Et de fonder le temple sur la mort des héros…
Le ciel est avec nous, l’enfer tremble et recule !
« Debout, peuple, en avant ! » clame la liberté !
Rythme lourd de ton cœur, rythme lourd des chênes !
Qu’importent les monceaux où s’entassent les corps ?
Plantent sur eux les étendards d’un peuple libre !
Mais lorsque dans l’éclat d’un lointain passé reconquis,
La Fortune à ton front mettra son auréole,
O mort, n’oublie point les morts qui tombèrent fidèles
Et pose sur leurs urnes une couronne de chêne !