Les lecteurs familiers de Theatrum Belli ne seront pas surpris de voir traiter un sujet culturel sur le site, encore moins parce qu’il s’agit de chansons et qu’ils savent que les chansons sont un outil du combattant. Un soldat défend son pays et son identité. Cette dernière est spécialement incarnée dans le patrimoine immatériel et collectif des chansons. En France, la redécouverte des anciens répertoires populaires s’est faite progressivement dans la 2e moitié du XIXe siècle, mais ils n’ont regagné la mémoire des populations qu’à partir des décisions prises en septembre 1940 par le gouvernement de Vichy.
Parce qu’elle est implantée dans la mémoire et transmise par le bouche à oreille, la chanson est un marqueur qui n’évolue que dans la longue durée, elle reste donc un témoin privilégié des changements des mentalités et des affrontements qui en marquent les mutations. Les historiens de la chanson situent généralement les origines du courant folk issu de la révolution de Mai 68 dans les mouvements de “protest songs” américains avec Pete Seeger, Joan Baez et Bob Dylan. Si un renouveau de l’influence musicale est incontestable, on oublie généralement qu’en France la chanson traditionnelle avait été redécouverte et enseignée auparavant et que la grande période de diffusion de ces répertoires a lieu à l’initiative du gouvernement de Vichy.
Cette étude a été présentée à l’université de Poitiers en 2008 et a été mise en ligne sur plusieurs sites sans susciter de contestation. Elle s’inscrit dans l’étude des combats culturels qui traversent la société contemporaine, sans que les acteurs en perçoivent réellement les enjeux, et qui avaient déjà été illustrés sur ce site par une autre étude sur La chanson de soldat, outil du combattant et enjeu idéologique.