Table ronde enregistrée dans le cadre du forum L’année vue par les sciences au grand amphithéâtre de la Sorbonne
Tout d’abord, un chiffre. Quelques 90 % des informations transmises ou archivées dans le monde le sont sous forme numérique. A partir du moment où l’ensemble de nos activités est informatisé, beaucoup plus de données sur chacun de nous sont disponibles. Elles ne pourront jamais être effacées, rendues anonymes, ou même détruite dans leur totalité. Par ailleurs, la masse des « révélations » sur les programmes de surveillance électronique, déclenchée par l’affaire Edward Snowden, montre l’ampleur des informations misent, automatiquement, à disposition des officines de surveillance politique ou d’intelligence économique. Sommes nous maintenant dans un monde où nos libertés civiles disparaissent, de facto, dans les réseaux de fibre optique, ou les ondes émises par les antennes-relais de nos portables ou encore dans les serveurs des gigantesques datacenters ?
Plus encore, que ce soit pour l’activité de renseignement de la police ou pour le marketing des entreprises, il n’est même plus nécessaire d’agir à l’insu des gens. En analysant les réseaux sociaux, on peut savoir, sans violer l’intimité de chacun d’entre nous, qui préfère telle marchandise et pourquoi, ou qui professe telle opinion. Enfin, d’un tout autre point de vue, les algorithmes mobilisés, par exemple, pour automatiser les systèmes de cotations boursières ne représentent-ils pas une dangereuse prise de pouvoir par la machine ? Ainsi le couple, base de données et algorithmes qui les traitent, ne forme-t-il pas la figure actuelle de notre asservissement ?
En compagnie de :
- Nicole El Karoui, mathématicienne, spécialiste des algorithmes financiers,
- Gérard Berry, Professeur au Collège de France, Mathématicien,
- Jean-Gabriel Ganascia, expert en intelligence artificielle, Professeur à l’UPMC.