mardi 19 mars 2024

Les sept blessures d’Ernst Jünger lors de la Grande Guerre – Reflet du service de santé de l’armée impériale

Une approche intéressante de l’activité objective du service de santé en 1914-1918 de l’armée impériale allemande nous est possible en étudiant les circonstances des sept blessures reçues sur les divers champs de bataille par le lieutenant Ernst Jünger, grand écrivain germanique du XXème siècle, également zoologiste, entomologiste et botaniste confirmés. Nos sources seront l’édition critique remarquable de la Pléiade en langue française, mais aussi celle critique en langue allemande montrant même ses carnets de notes et diverses esquisses, bases essentielles de toutes ses éditions puisque son texte n’a pas cessé d’être remanié dans ses termes pendant cinquante-huit ans (1, 2). “Nous avons quitté, dit-il, les amphithéâtres, les bancs d’école, les établis et les brèves semaines d’instruction nous avaient fondus en un grand corps brûlant d’enthousiasme”. Ainsi annonce-t-il le début de la Grande Guerre.

Voilà notre jeune homme qui est incorporé dans le 73ème régiment d’infanterie de Hanovre, celui d’Albrecht de Prusse, régiment au passé brillant marqué par son corps d’officiers prussiens. D’emblée, l’univers si particulier de la vie dans les tranchées va le saisir pas très loin des redoutables Éparges, en particulier dans les combats d’artillerie de la redoutée “Grande Tranchée de Calonne”, longue voie près de Verdun, qu’il retrace magnifiquement dans Orages d’acier. Le 25 avril 1915 répondant à l’attaque allemande du 24, une terrible contre-attaque de l’artillerie française est entreprise avec de “gros noirs” signant l’usage de la cheddite dans le style des combats de Perthes. Ce fut horrible, car un abri rempli d’hommes explosant sous un coup au but effraya d’autant notre jeune soldat que “soudain, dit Jünger, un éclair jaillit entre les racines largement étalées, et un coup sur la cuisse gauche me projeta contre le sol. Je me crus atteint par une motte de terre, mais la chaleur du sang ruisselant à flots ne tarda pas à m’apprendre que j’étais blessé !”. Il l’était par un éclat acéré et coupant. Il courut vers un autre abri déjà obstrué de blessés graves voire mourants. Il en perdit la tête au point de repartir vers un bois proche de cette Grande Tranchée au niveau de la cote 381 où il s’effondra. Deux brancardiers allemands ratissant le secteur le trouvèrent et le transportèrent sur une civière jusqu’à un poste de secours couvert de rondins où il observa le médecin major s’épuiser du matin au soir sur les corps gémissants, les pansant, administrant des injections entre autres de sérum antitétanique et donnant calmement ses instructions. Le lendemain, lors de l’évacuation depuis le champ de bataille avec une ambulance hippomobile, un éclat le traversa mais heureusement entre ses jambes. Il arriva ainsi au poste de secours central (Hauptverbandplatz) installé dans une clairière, soulignant au passage qu’un blessé de l’abdomen qui souffrait le martyre aux moindres cahots demanda qu’on l’achevât avec le pistolet de l’infirmier suspendu dans un recoin du véhicule. Le triage selon la fiche avec, si nécessaire, une injection antitétanique, est encore effectué méticuleusement dès qu’ils sont allongés sur des rangées de lits de paille protégés sous des huttes de branchage. Jünger y note la présence d’un médecin général (1) qui organise avec sang-froid la bonne marche des opérations démontrant peut-être par sa présence que le combat est d’importance. Ainsi, Jünger est réconforté, désaltéré et nourri, apprenant qu’il s’en tire ainsi à bon compte. Il est donc évacué vers la grande ambulance de triage (Feldlazarett) installée dans l’église du village de Saint-Maurice-sous-les-côtes où l’attend avec d’autres blessés un train-hôpital qui les mènera à Heidelberg en deux jours, bien soigné par un infirmier, maître de conférence en philosophie. Mais dans cette bataille des Éparges, il n’avait pas encore vu un seul ennemi sinon le champ chaotique de bataille ! Nous avons déjà bien jugé de l’organisation adéquate et efficace du service de santé allemand avec le ramassage et le brancardage vers le poste de secours du champ de bataille (Truppenverbandplatz), d’ailleurs bien protégé de gros rondins soutenant une masse de terre où les soins sont prévus en vue du transport. Ici, en 1915, c’est en ambulance attelée qu’il part vers le poste central de secours aménagé au mieux. Après une courte étape vers la grande ambulance de triage, il est dirigé vers un train-hôpital de transport vers l’Allemagne où cette première blessure guérira parallèlement avec une rééducation de la marche. Jünger avait vécu son baptême du feu sans avoir observé l’ombre d’un adversaire ! On juge ainsi de l’application efficace du Krieg-Sanitätordnung du 27 janvier 1907.

La deuxième blessure sera reçue en août 1916 dans les environs du village de Combles avant la troisième phase de la bataille de la Somme dans la zone de Douchy-Monchy, secteur dans lequel il stationnait auparavant. L’élève-officier est devenu “leutnant” et il y fait même une découverte entomologique d’un coléoptère qui portera le nom de Fanna coleopterologica donchyensis. Lors d’une offensive locale anglaise répondant à une contre-attaque d’un régiment de la 2ème division redoutée de la Garde prussienne, commença la chute de Guillemont le 3 septembre 1916 qui fut effective le 27, détruisant en large partie le 73ème Régiment, celui de Jünger. Son régiment pourvu de 3 000 hommes sera décimé avec ses 82 morts, 473 blessés et 554 disparus. Là, un coup éclata à l’entrée de son abri-cave et un fragment de shrapnel transperça violemment sa jambe gauche, blessure peu grave mais le mettant hors de combat. Il fut transporté jusqu’à l’infirmerie installée dans des caves-catacombes (2) et la balle du shrapnel fut extraite par le médecin major sous calmants, aux ciseaux, scalpel et pince, puis ce fut le repos dans une alvéole creusée dans ce site protégé ce qui nous indique bien un Hauptverbandplatz. Bien de ses hommes vinrent lui dire au revoir ainsi que Von Oppen, son colonel. Puis, c’est en ambulance hippomobile qu’il passe par la zone bombardée de Frégnicourt-Ferme et c’est ensuite le transbordement de nuit dans une ambulance automobile pour l’église de Fins, devenu un Feldlazarett. Ses pansements sont vérifiés par un médecin militaire qui décidait de la destination (triage efficace qui pouvait sauter des étapes !). L’église de Fins était alors engorgée de centaines de blessés (3). Jünger fut transporté avec d’autres officiers vers un petit hôpital installé dans une belle maison de Saint-Quentin. Là, il observa les horribles conséquences de la guerre dont les horreurs de la gangrène gazeuse, au point que l’organisation sanitaire allemande avait même installé une chambre d’agonisants de façon à ne pas importuner les autres blessés ! Puis, le lendemain, c’est le train-hôpital qui l’emporte jusqu’à Géra en Thuringe où il se rétablit en un mois, convalescence incluse, et c’est le retour à son corps.

La troisième blessure est encore subie dans la Somme au bois de Saint-Pierre-Vaast situé entre Brancourt-le-Grand, Gonnelieu et Raincourt. Lors d’une reconnaissance, un tireur embusqué le blessa d’une balle qui lui traversa le mollet droit en frôlant le gauche ! En se dissimulant non sans mal et sous les tirs incessants d’artillerie, il gagna en clopinant grâce à son mouchoir-pansement le poste de secours, côtoyant au passage une connaissance, chef de détachement et leur conversation lui permit de juger que cela lui sauva la vie car un obus explosa juste dans le carrefour qu’il aurait dû traverser s’il n’avait pas échangé quelques mots ! Après un pansement, on le brancarda jusqu’à Nurlu situé à dix km au nord-est de Péronne où il fut emmené en auto par le chauffeur d’un capitaine de cavalerie jusqu’au presbytère-poste de secours central de Liéramont d’où il est transféré vers l’ambulance de Villeret, puis à l’hôpital militaire de Valenciennes installé dans un collège situé non loin de la gare. Sa description de l’unique salle d’opération est bouleversante car cette vaste salle comprend une file de tables d’opération tenues par de nombreux chirurgiens et médecins. “Ici, dit-il, c’était un membre qu’on sectionnait, là un crâne qu’on trépanait ou un pansement collé au corps qu’on défaisait. Des gémissements et des cris de douleurs remplissaient cette pièce devenue une salle d’opérations inondée d’une intense lumière »… Finalement la guérison est presque obtenue non loin du terrain opérationnel, signant son retour sur le même lieu de combat entre Nurlu et Moislains. Jünger y gagna la Croix de fer de première classe et devint chef de compagnie après une courte période d’instruction au camp de Sissonne.

Fantassin allemand des Stosstruppen.

La quatrième blessure sera double, survenant en 1917 alors qu’il est devenu le commandant de la 4ème puis de la 2ème compagnie. C’est la retraite de la Somme avec des combats intenses dans le secteur de Fresnoy-le-Grand. Puis, ce sont des affrontements sans pitié avec des troupes hindoues des “Radjputs”, près de Ramicourt et Joncourt, proche de la fameuse position Siegfried. Puis, lors du séjour opérationnel violent près de Langemark dans les Flandres, il y apprit que son frère Fritz qu’il croyait à Hanovre avait pris part à une attaque nocturne et qu’il était grièvement blessé et couché dans un abri voisin, un fortin ravagé couvert de troncs déracinés. Il y accourut pour le voir parmi d’autres agonisants, poumon perforé et avant-bras droit fracassé. Il prit sur lui de le faire porter par quelques hommes, diminuant son potentiel, jusqu’au poste de secours, dit “l’œuf de Colomb” (Kolumbusei) mais de ramener aussitôt d’autres bras pour évacuer les autres blessés. C’est avec un brancard improvisé fait d’une toile de tente suspendue à une perche qu’il ramena son frère et le sauva, car il fut vite évacué sur l’arrière. Un document de l’ouvrage remarquable de J.-C. Laparra sur le service de santé de l’armée impériale nous révèle ce mode de transport. C’est dans la double bataille de Cambrai au lieu-dit “chemin du Dragon”, dans des assauts furieux avec sa troupe de choc, que Jünger va recevoir cette quatrième blessure en réalité double. Son casque lourd d’acier, le Stahlem, va le sauver (4), car il a ressenti sur celui-ci un choc tel qu’il en fut projeté à terre. Effectivement, il constata la présence de deux trous sur son casque lui laissant une bonne estafilade à l’occiput qui fut pansée. Jünger retourna, à demi assommé, vers l’arrière, quittant ce lieu de combat qui coûta beaucoup de vies à sa compagnie de Stoßtruppen, donc d’assaut. Au retour, accompagné de son capitaine, il ne songea pas que son pansement blanc à la tête fut pour les Anglais un remarquable point de repère et il reçut un nouveau choc au front avec aussitôt le visage en sang tout comme son proche voisin mais ce fut par chance deux autres plaies superficielles qui en fait provenaient probablement d’éclats du casque d’acier de son voisin également blessé ou d’éclats de la balle. Avec son capitaine, il rejoint l’arrière des combats et un abri creusé dans le lit même du canal de Saint-Quentin où il est pansé et reçoit un sérum antitétanique. Jünger jugea bon d’en rester là en n’encombrant pas les hôpitaux avec sa cinquième double blessure et, emportant son casque lourd troué, profita de sa permission de Noël 1917 pour laisser se refermer la première blessure et se cicatriser la frontale qui en gardait l’éclat ! Il eut la surprise de recevoir la croix de chevalier de la couronne d’Hohenzollern et de la part des autres chefs de compagnies une coupe “Au vainqueur de Mœuvres”.

1918 sera une année très dure d’où il tira d’autres écrits qu’In Stahlgewittern (Orages d’acier), œuvres imprégnées des événements qu’il va vivre avec Das Wäldschen 125 (Le boqueteau 125) et Feuer und Blut (Feu et Sang). Il verra une grande partie de sa compagnie décimée le 19 mars non loin de Brunemont lorsqu’un énorme obus atteignit celle-ci dans un gros entonnoir où elle s’était complètement abritée au moment où Jünger, jugeant la concentration des projectiles meurtriers, allait commander de se disperser. Ce fut un carnage car leurs propres munitions explosaient aussi. Il se vit vouloir fuir ce lieu d’horreur mais, repris par son sens aigu du devoir et de sa responsabilité, il s’occupa de rassembler les vivants et commanda à son seul brancardier survivant de voir aux blessés, mais ce jour dantesque le marqua à jamais et pourtant ce n’était pas encore le début de la grande offensive allemande du 21 mars qui débuta à 5h05 comme un ouragan par une préparation d’artillerie inouïe, le Feuerwalze, bien pire qu’à Verdun, annihilant les défenses anglaises mais donnant en raison de vents contraires des retours de gaz de combat combinés comme le Blaukreuz et le redoutable Grünkreuz. Ce deuxième gaz de combat sternutatoire poussait le combattant à enlever son masque, permettant alors au disphogène du premier de tuer ! Puis, c’est la poursuite de la préparation d’une violence de feu inconcevable avec les lance-mines lourds jusqu’à la dernière heure où les Anglais finirent par mettre en batterie un canon de très gros calibre qui fit des ravages dans leurs rangs les obligeant à se mouvoir et tua même leur capitaine. Après s’être glissé avec ses hommes au plus près de la première tranchée anglaise, ce fut l’assaut dans la direction de Bapaume qui ne rencontra plus rien en première ligne mais la mitrailleuse qui cracha depuis la seconde lui fit dire que “ceux de l’autre côté étaient encore plus forts que nous ne l’avions cru.” Ce fut un assaut puissant sur une ligne allant de Vraucourt à Mery où le vécu de Jünger s’en trouve rehaussé par son talent d’écrivain. On y apprend aussi combien le ravitaillement des soldats anglais était abondant et de qualité. Cependant, vers la fin de ce corps à corps acharné, il fut blessé deux fois en peu de temps, d’autant qu’il s’était muni pour passer la nuit d’un manteau anglais. Il fut atteint au niveau du cœur un peu en dessous de sa croix de fer, mais heureusement assez transversalement. En revenant pansé, par une tranchée prise tout récemment, un fracas s’abattit contre son flanc et il ressentit aussi un violent coup sur le sommet du crâne qui le bascula étourdi. Il se réveilla alors, la tête en bas, suspendu au traineau d’une mitrailleuse lourde avec du sang giclant de sa tête. Son compagnon Kius le rassura disant que la cervelle ne se voyait pas et il repartit vers l’arrière, lucide sur sa bêtise de n’avoir pas porté son casque ! En passant, il rendit compte au général Höbel, surpris de le voir, car, pour lui, il était mort depuis la veille. Il regagna en auto le poste de secours de Sauchy-Cauchy, encombré de toute part, mais le chirurgien lui annonça l’heureuse nature de ses blessures explorées par sonde, qui démontra sa chance. C’est l’évacuation vers le centre de triage de Cantin en l’ambulance au Feldlazarett bavarois de Montigny et ensuite en train-hôpital il regagne Berlin puis Hanovre. Mais cette offensive allemande fut enrayée et se solda par un échec. À partir de ce moment-là, Jünger comprit que la défaite était désormais possible.

Nous en arrivons à la dernière blessure, la septième, que Ernst Jünger va évoquer dans le chapitre “mon dernier assaut” qui devait atteindre le clocher de Sapignies à partir de la lisière ouest de Favreuil, donc à 4 km au nord de Bapaume. C’est au tout début de l’attaque près de Beugnâtre, alors qu’il s’installait au pas de course entre les deux vagues d’assaut, au moment de sauter une tranchée récente, qu’il fut touché par un choc percutant sa poitrine, brisant son élan. Il eut alors la certitude de la fin. Repéré par un combattant qui constata sa blessure, ce dernier le laissa fuyant la réplique anglaise menée avec des chars qui finit, malgré la ténacité des Allemands, par l’emporter, faisant déjà de nombreux prisonniers dans une confusion réelle. Jünger eut le courage de retourner seul vers Favreuil, ayant pris un couloir contrôlé par un îlot de résistance allemande. Un brancardier de la 6ème arracha sa vareuse et lui dit de s’étendre s’il ne voulait pas être saigné à blanc ! Il finit par être emporté avec l’aide de ses hommes, mais le brancardier fut tué à l’approche du village obligeant le reste de la troupe à se protéger du feu. Le voilà donc seul dans un trou d’obus mais en fait surveillé par ses hommes à l’abri. Le solide première classe Hengstmann le prend en charge, parcourt cent mètres et il est abattu aussi. Alors le sergent-ambulancier Strichalsky le prit sur ses épaules et le porta jusqu’à un angle mort, les mettant tous deux à l’abri. Au crépuscule, il fut transporté dans une toile de tente à un poste de secours abrité où œuvrait le major Key, un de ses amis qui lui fit une injection de morphine. Puis, c’est le départ éprouvant en auto vers l’ambulance de la division où les meilleurs soins lui sont prodigués. Pour chasser l’ennui, Jünger comptabilisa toutes ses blessures, d’où il en ressort quatorze : cinq par balles de fusil, deux par éclats d’obus, une par balle de shrapnel, quatre par éclats de grenades et deux par éclats de balles de fusil qui lui laissèrent vingt cicatrices si l’on compte les trous d’entrée et de sortie. Donc il n’est pas étonnant qu’il ait reçu dans ce Feldlazarett la médaille d’or des blessés qui à ses yeux, selon l’édition de 1934, est à placer aussi haut que l’autre exceptionnelle qu’il a reçue : la croix bleue en forme d’étoile du “Pour le Mérite” (5), suprême décoration militaire allemande qui lui fut décernée par l’Empereur Guillaume II, malgré son jeune âge – il avait 23 ans – par un télégramme du 22 septembre 1918 au général de sa division Von Busse. Vu le jeune âge de l’impétrant, cette attribution irrita d’ailleurs le maréchal Hindenburg mais ce dernier s’inclina devant la volonté de Guillaume II. Quel parcours, mais quelle chance a eue Jünger ! Mais on peut vraiment affirmer qu’Ernst Jünger a bien bénéficié de l’organisation remarquable du service de santé de l’Armée impériale.

Alain SÉGAL et Jean-Jacques FERRANDIS

Source : HISTOIRE DES SCIENCES MEDICALES – TOME XLVI – N° 1 – 2012

NOTES

1. Ici, on peut se demander si ce n’est pas plus volontiers un Oberst ou Obertsleutnant (Médecin-colonel ou lieutenant-colonel) qu’un major-général car voir œuvrer ainsi au niveau d’un poste de secours central un tel grade est surprenant à moins qu’il ne fût en inspection et amené à prêter main forte vu l’afflux des blessés et l’importance de la bataille

2. Dans cette région du Nord, proche de Cambrai, on retrouve de nombreux abris-catacombes solidement creusés dans le sous-sol.

3. Dans l’église de Fins, on soigna plus de 30 000 hommes à la suite de cette bataille de la Somme.

4. Son casque d’acier, le fameux Stahlem, a été imaginé par le célèbre professeur en chirurgie Karl-August Bier (1861-1949) car il avait constaté que des petits éclats causaient des dégâts cérébraux importants dans 83% des blessures à la tête ! Avec Friedrich Schwerd, Bier conçut un casque protecteur lourd de 1.300 kg avec une plaque frontale qui se fixait aux deux ergots latéraux qui servaient aussi d’aération et les sentinelles demeuraient ainsi plus à l’abri. Le casque Adrian était bien moins protecteur mais plus léger (750 g). Il fut mis en service le 30 janvier 1916. « Stahlem » devint par la suite le nom en 1925 d’un important groupe d’anciens combattants de la Grande Guerre.

5. Cette décoration, créée par Frédéric II de Prusse en 1740, fut décernée à 687 officiers lors de la Grande Guerre dont seulement onze commandants de compagnie. 

BIBLIOGRAPHIE

  • JÜNGER Ernst – Journaux de guerre (1914-1919) avec Orage d’acier, Le boqueteau 125, Feu et Sang etc, Paris, NRF, La Pléiade, 2008.
  • JÜNGER Enrst – In Stahlgewittern, Stuttgart, Klette-Cotta, 1978 ou 2010.
  • JÜNGER Ernst – Kriegstagebuch 1914-1918 (Hrsg von Helmuth Kiesel), Stuttgart, Klette-Cotta, 2010.
  • LAPARRA Jean-Claude, HESSE Pascal – Les chemins de la souffrance. Le service de santé allemand. Guide Yvec.
  • LAPARRA Jean-Claude – “Sous le signe de la croix de Malte et de la Croix Rouge, le service de santé allemand en 1914-1918”. Le magazine de la Grande Guerre, 11, décembre 2002-Janvier 2003.
  • LAPARRA Jean-Claude : “Le service de santé allemand 1914-1918, Médecine et Armées”, 31, 2, 2003, 161-169.
  • Krieg-Sanitatsordnung, vom 27 Januar 1907.

RÉSUMÉ :

Nous avons avec cet étonnant parcours d’Ernst Jünger, semé de blessures, un aperçu du service de santé de l’armée impériale allemande depuis le rôle des brancardiers jusqu’à celui des hôpitaux en Allemagne avec une organisation des transports et des soins qui a fait ses preuves. Le poste de secours avancé (Truppenverband) est la base organisée au niveau du bataillon ou du régiment, dotée d’une voiture sanitaire transportant le matériel. Ensuite, le blessé passe par le poste de secours central (Hauptverbandplatz) pour finir plus à l’arrière (10-20 Km) à l’ambulance de campagne (Feldlazarett) avec au moins un chirurgien. Cette structure est gérée au niveau de la division par la compagnie sanitaire de division, tout comme les huit ambulances totalisant 224 brancardiers. On voit donc peu de différence avec la structure française, sauf que dès le début le service impérial a su vite s’adapter du passage de la guerre de mouvement à celle de position, offrant finalement par son système souple de triage, des choix possibles d’action cohérente médico-chirurgicale qui faisaient gagner du temps, autorisant l’action chirurgicale dans un lieu proche des combats. De plus, nous avons là les récits vécus d’un exceptionnel écrivain du XXème siècle, devenu par la suite un grand Européen.

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