mercredi 24 avril 2024

La bataille de Normandie vue de l’autre côté : les Alliés affrontent la « Baby Division »

Constituée quelques mois avant le débarquement de Normandie, la division SS Hitlerjugend est encore considérée aujourd’hui comme l’adversaire le plus redoutable que les Alliés eurent à affronter dans le nord-ouest de l’Europe. Confiés aux meilleurs cadres de la Waffen SS, les soldats de la « Jeune Garde » (97% d’entre eux avaient moins de 25 ans en juin 1944) opposèrent une résistance farouche dans les batailles de Caen et de Falaise.

Le grondement assourdissant des moteurs et des chenilles des panzers retentit dans l’air chaud de cette fin d’après-midi du 6 juin 1944. Depuis maintenant plus de douze heures, la guerre flambe sur le sol normand : aux premières heures de la journée, les troupes anglo-américaines, appuyées par des vagues de chasseurs-bombardiers, ont pris pied en plusieurs points du littoral. Placée en état d’alerte le matin même, la 12e SS Panzerdivision Hitlerjugend fait mouvement vers le nord-ouest, en direction de Caen.

Des Panzers grenadiers, à demi camouflés sous des branchages, se cramponnent aux superstructures des Panzers Mark IV sur les bas-côtés, des motocyclistes, jouant aux chiens de garde, ne cessent de remonter et de descendre la colonne, que ferme un convoi de camions chargés de soldats et recouverts de feuillages. La route s’étire, interminable sous le soleil encore haut dans le ciel.

Engagée dans une véritable course contre la montre, la « Jeune Garde » — surnom de l’unité d’élite SS — fonce à la rencontre de l’ennemi, prête à prendre part à l’un des plus âpres combats de toute la bataille de Normandie.

Le 5 juin 1944, à la veille du jour J, la Hitlerjugend comptait 20 540 hommes tous grades confondus. Sur les 664 officiers qui lui étaient destinés, seulement 520 étaient présents sur les rangs. Ces effectifs étaient répartis entre un régiment de blindés, deux régiments de grenadiers blindés (chacun composé de trois bataillons), un régiment d’artillerie, un bataillon antiaérien, un bataillon antichar, un fort groupe de reconnaissance et diverses unités de soutien. Le régiment de blindés regroupait lui- même deux bataillons de blindés — ceux-ci étant au nombre de 150 —, l’un équipé de Panther et l’autre de panzers Mark IV.

La plupart des soldats de la division Hitlerjugend n’étaient encore que des adolescents : au sein du 1er bataillon du 25e régiment SS de grenadiers blindés, pas moins de 65 % des hommes avaient moins de 18 ans, et seulement 3 % (presque tous des officiers ou des sous-officiers) plus de 25 ans.

Les meilleurs cadres de la Waffen SS, tels le Standartenführer Kurt Meyer — auquel ses exploits ont valu le surnom de « Panzermeyer » (Meyer le Blindé)… — ou le Sturmbannführer Max Wünsche, avaient été placés à la tête de la Jeune Garde : titulaires des plus hautes décorations et faisant figure de héros, ils étaient adulés par leurs hommes. Ceux-ci recevaient, pour leur part, plus qu’une simple instruction militaire : éduqués pour devenir des « combattants », et non de simples soldats, les jeunes volontaires de la Hitlerjugend apprenaient à former une véritable Bruderschaft (fraternité). Des valeurs telles que la domination de soi, l’esprit de sacrifice, l’obéissance absolue leur étaient inculquées. Plus que toute autre unité d’élite de la Wehrmacht ou de la Waffen SS, la 12e Panzerdivision apprenait à se montrer impitoyable au combat. Avant même d’avoir subi leur baptême du feu, les « jeunes loups du Führer », galvanisés par plusieurs mois d’entraînement d’une rare rigueur, faisaient preuve d’une détermination sans faille.

De gauche à droite : Max Wünsche, Fritz WITT et Kurt MEYER, entre le 7 et 14 juin 1944 à proximité de Caen.

Maintenue jusque-là en réserve par l’OKW (commandement suprême des forces armées), la 12e Panzerdivision SS Hitlerjugend se trouve placée à la disposition du groupe d’armées B de Rommel, le 6 juin au matin. Ordre lui est donné de se regrouper à l’est de Lisieux, dans le secteur de la Vile armée. Ne pouvant se déplacer d’un bloc, comme la plupart des renforts dépêchés vers les têtes de pont alliées, la division Hitlerjugend devra se scinder en plusieurs groupes pendant toute la durée des opérations de transport.

Les premières unités à prendre la route le matin du jour J, à 10 heures, sont le 1er et le 2e bataillons du 12e régiment de blindés SS, accompagnés respectivement des 26e et 25e régiments de grenadiers blindés SS. Des éléments avancés de la Hitlerjugend atteignent la région de Lisieux à 15 heures, mais ils reçoivent peu après l’ordre de gagner les faubourgs ouest de Caen, menacés par la 3e division d’infanterie canadienne.

Les différentes unités de la division arriveront en ordre dispersé dans la zone de déploiement durant les vingt-quatre heures qui vont suivre. Dépourvues de toute couverture aérienne, les forces allemandes montant vers le front sont sans cesse mitraillées et pilonnées par des chasseurs-bombardiers.

Ce n’est qu’à la tombée de la nuit que l’aviation alliée relâchera sa pression. Le commandeur de la division Hitlerjugend, le Brigadeführer Fritz Witt, ignore encore tout des mouvements de l’ennemi. Les rumeurs les plus folles vont bon train parmi ses troupes, mais le moral reste bon.

Le chef du 25e régiment de grenadiers, Kurt Meyer, à qui Witt a confié l’avant-garde de sa colonne, traverse en trombe Caen aux alentours de minuit. Ayant réussi à constituer un Kampfgruppe (groupe de combat) avec tous ceux qui ont échappé aux terribles bombardements alliés, il est le premier à atteindre la ligne de feu au nord-ouest de la ville. Venant loin derrière, le 2e bataillon du 12e régiment de blindés n’arrivera que le 7 au matin, et avec seulement cinquante chars. Quant aux Panther du 1er bataillon, à court de carburant, ils s’égarent sur la rive est de l’Orne.

Il reste qu’à l’échelle de l’ensemble du théâtre d’opérations, les unités de la Hitlerjugend, bien qu’éprouvées par de lourdes pertes en hommes et en matériel, constituent — avec la 21e Panzerdivision de la Wehrmacht — les seules forces à même de lancer une contre-attaque à l’ouest de Caen.

Panzermeyer
« Panzermeyer »

Au matin du 7 juin, la division Hitlerjugend a toujours pour instruction d’atteindre les plages de la côte normande et de rejeter l’ennemi à la mer. Cependant, tout indique que des unités alliées ont déjà atteint les abords de l’aérodrome de Carpiquet : les Allemands courent au désastre !

Les renseignements fragmentaires qui parviennent à la division ne permettant même pas de tracer une ligne de front, Panzermeyer préfère établir un dispositif de défense dans la banlieue de Caen, en attendant l’arrivée de renforts. Ses trois bataillons de grenadiers blindés prennent position autour des trois villages de Carpiquet, tandis que Rots et Buron « nettoient » la campagne des quelques Canadiens qui ont déjà réussi à s’infiltrer dans le secteur.

Plaçant deux compagnies de chars derrière chaque flanc et déployant ses unités d’artillerie loin en arrière, Meyer tend un piège à l’avant-garde des forces alliées fonçant vers le sud. Puis il transfère son poste de commandement à l’abbaye d’Ardenne, dont le double clocher constitue un poste de guet idéal.

Installé dans son observatoire, Meyer, les traits tirés par la fatigue de la nuit précédente, assiste, minute par minute, au déploiement des forces canadiennes.

Contrôlant la situation de son quartier général de Saint-Pierre-sur-Dives, le commandeur Witt a fixé l’heure de la contre-attaque à midi, une fois l’ensemble de ses forces regroupées.

Les premiers Panzers commencent à se rassembler autour de l’abbaye vers dix heures du matin, puis se dissimulent sous les couverts. Assis dans l’herbe, les hommes d’équipage en uniforme de cuir noir grillent une dernière cigarette. Tout s’est passé si vite depuis la traversée de Caen en flammes qu’ils n’ont pas eu le temps d’avoir peur. Maintenant que l’heure du combat approche, une sourde angoisse les étreint.

Les Canadiens vont donner tête baissée dans le piège. Panzermeyer les laisse approcher jusqu’au hameau de Franqueville, qui commande la route de Bayeux et l’aérodrome de Caen-Carpiquet. Leurs blindés ne sont plus séparés que par quatre-vingts mètres des chars allemands, camouflés dans les sous- bois, quand le chef SS donne le signal de l’attaque. Panzers Mark IV et fantassins jaillissent de leurs cachettes. Dévalant des hauteurs surplombant la route, ils enfoncent littéralement la colonne ennemie, tandis que les batteries antichars, dissimulées dans les fossés, tirent à bout portant sur les blindés Stuart, stoppés net.

Les jeunes soldats de la Hitlerjugend vont combattre avec acharnement, rien ne pouvant arrêter leur élan. Devant la violence de leur assaut, les Canadiens doivent très vite céder du terrain. L’attaque de la division SS est remarquablement coordonnée — panzers, grenadiers blindés et unités d’artillerie entrent en action dans un ensemble parfait —, et les forces alliées ne parviennent à arrêter les chars Mark IV qu’au prix d’efforts surhumains.

Kurt Meyer soutiendra, par la suite, que seule une pénurie de carburant et de munitions l’avait obligé d’interrompre sa « course vers la mer » ; il semble, en fait, que ses hommes aient été stoppés dans leur progression par la violence des tirs d’artillerie alliés.

Si elle vient d’échouer dans sa tentative pour atteindre les plages de Normandie, la division Hitlerjugend, en revanche, a réussi à empêcher les Canadiens d’atteindre la position clé de l’aérodrome de Carpiquet ; en outre, deux villages, Franqueville et Authie, sur la route de Bayeux, ont été repris en l’espace de quelques heures.

Les combats ont coûté aux Canadiens plus de 300 hommes et une trentaine de blindés, la Hitlerjugend n’ayant perdu de son côté que 200 soldats et 6 chars.

La bravoure et la détermination avec lesquelles la jeune unité d’élite SS a combattu lors de son baptême du feu laisseront une profonde impression sur les Canadiens. Les jeunes loups du Führer ont pourtant vu tomber ce jour-là un grand nombre de leurs camarades. Emil Werner, du 25e régiment de grenadiers blindés, décrira en ces termes les combats acharnés du 7 juin 1944 : « Jusqu’à Cambes, tout alla bien pour nous. Le village semblait calme. Aux abords des premières maisons, cependant, nous fûmes pris sous les tirs de l’artillerie ennemie : un orage de feu s’abattit sur la colonne. Il fallut attaquer une église où des tireurs isolés avaient pris position. C’est là que je vis mon premier mort : il s’agissait du grenadier Ruelh, de la section de commandement. Je pris son corps sur mon épaule — un éclat d’obus lui avait fracassé la tête. C’était le deuxième homme de notre compagnie à mourir. Déjà deux camarades tombés, et nous n’avions pas encore vu un seul Anglais ! Puis, la situation devint critique. Blessé au bras, le chef de ma section dut être emporté vers l’arrière.« 

Le grenadier Grosse, de Hambourg, bondit vers un buisson, son pistolet-mitrailleur prêt à faire feu, en criant : « Haut les mains ! Haut les mains ! » Deux Anglais émergèrent des feuillages, la tête baissée, les bras en l’air. « J’ai entendu dire que Grosse reçut par la suite la Croix de fer de deuxième classe pour ce fait d’armes. »

Ayant fini par arriver sur le front le 8 juin au soir, une compagnie de Panther du 1er bataillon, appuyée par des grenadiers blindés, effectue une attaque de nuit le long de la route Caen-Bayeux. Dès la sortie de Rots, les panzers avancent en triangle, les grenadiers accrochés à leurs tourelles. Comme d’habitude, Panzermeyer, aux commandes d’une moto, prend la tête de la compagnie de reconnaissance.

À minuit, la colonne arrive en vue des premières maisons de Bretteville-l’Orgueilleuse. Meyer s’apprête à donner le signal de l’attaque lorsque deux coups de canons retentissent dans la nuit, déclenchant la curée. Pris sous des tirs d’une rare intensité, les SS essuient de très lourdes pertes. Au terme de plusieurs heures d’un combat indécis — au cours duquel il perdra six chars — Meyer décide de battre en retraite.

De leur côté, les généraux du groupe d’armées B n’ont pas abandonné l’espoir de lancer une grande offensive de blindés en direction de la tête de pont alliée. Le 9 juin, dans l’après-midi, le général Geyr von Schweppenburg, commandant en chef des panzers du front de l’Ouest, communique à Meyer le plan de l’opération : une attaque concertée mettra en jeu, le 10 juin à 23 heures, les trois grandes divisions blindées à pied d’œuvre sur la ligne de front au nord-ouest de Caen : la 21e Panzerdivision, acculée à la défensive au nord de Caen, la division Panzer-Lehr, qui vient d’entrer en lice au sud de Bayeux, enfin, la Hitlerjugend, au centre du dispositif.

Cette grande contre-offensive n’aura jamais lieu! Impuissantes face aux bombardements massifs de l’aviation alliée, leur flanc gauche — dans le secteur de Villers-Bocage — enfoncé, les forces allemandes n’auront bientôt d’autre ressource que se battre sans espoir sur leurs positions. Dans les jours qui vont suivre, les Canadiens grignoteront lentement du terrain, malgré la résistance farouche que leur oppose la Jeune Garde.

Le 16 juin, le quartier général divisionnaire de la Hitlerjugend, situé à 27 kilomètres au sud- ouest de Caen, est noyé sous un déluge d’obus. Fritz Witt, commandeur de la division, sera tué sur le coup avec plusieurs autres officiers. Sur ordre du chef du 1er corps d’armée SS, Panzermeyer va le remplacer.

Les différentes unités de la division SS sont désormais éparpillées au nord et à l’ouest de Caen : durement éprouvées par deux semaines de combats, elles commencent à manquer de carburant et de munitions, car les convois allemands, impitoyablement pilonnés pendant les heures de la journée par l’aviation alliée, parviennent de plus en plus rarement jusqu’au front.

Au nord de Caen, les blindés de la Hitlerjugend vont devoir porter secours à plusieurs unités ayant lâché pied sous la pression des Canadiens : l’une d’elles, la 16e Felddivision de la Luftwaffe, a été particulièrement mise à mal.

L’aérodrome de Carpiquet, objectif prioritaire des Alliés, est tenu par une batterie de Flak SS, des éléments du 1er bataillon du 26e régiment de grenadiers blindés SS, et une quinzaine de panzers. Ces maigres forces vont bientôt affronter plusieurs régiments.

La 3e division canadienne lance son attaque sur le village et l’aérodrome de Carpiquet le 4 juillet. La première vague d’assaillants est décimée par un violent barrage d’artillerie. Dans le village même, des combats acharnés opposent trois bataillons, d’un millier d’hommes chacun, à une cinquantaine de grenadiers de la Hitlerjugend. En fin de journée, les Canadiens se rendent maîtres du village et de l’extrémité nord de l’aérodrome, mais les Allemands en tiennent encore l’extrémité sud.

Entre le 4 et le 9 juillet, la division SS constitue la pierre angulaire du dispositif de défense établi au nord-ouest de Caen par les Allemands face à l’avance du 1er corps britannique. Le 7 au soir, un demi-millier de bombardiers alliés pilonnent la ville normande déjà ravagée et à demi détruite. Le lendemain, l’ultime assaut commence.

Soumis à un feu roulant, les défenseurs doivent céder du terrain, abandonnant l’un après l’autre les villages de la banlieue de Caen. Dans un dernier sursaut, Panzermeyer tente d’empêcher les Canadiens de s’emparer de Buron, au nord de Carpiquet : menant lui-même une douzaine de chars Panther et quelques sections de grenadiers, il réussit à dégager les SS qui y sont encerclés — avant de battre en retraite face au déferlement de blindés ennemis.

Le 9 juillet, les Alliés investissent la plus grande partie de l’agglomération de Caen ; seuls les faubourgs sud restent aux mains des Allemands.

SS HJ 3

À cette date, la division SS Hitlerjugend n’est plus que l’ombre d’elle-même. Au terme d’un mois de combats, les effectifs de ses unités d’infanterie se trouvent réduits à ceux d’un bataillon, et elle ne dispose plus que de 65 des 150 Panzers dont elle était initialement équipée. Depuis le jour J, les jeunes loups du Führer ont perdu au feu les deux tiers de leurs camarades (20 % ont été tués, et 40 % sont portés blessés ou disparus), mais les adolescents du 6 juin sont devenus des vétérans aguerris.

La bataille de Caen constitua un véritable enfer pour les hommes de la division Hitlerjugend, comme en témoignent ces lignes très lyriques écrites à l’époque, par le correspondant de guerre du journal SS Leitheft : « Des milliers de chars et d’avions, appuyés par le feu nourri des batteries d’artillerie, les noyaient sous un déluge de bombes et d’obus. A chaque explosion, la terre se soulevait dans un grondement de tonnerre. La ville n’était plus qu’un enfer de feu et d’acier. Mais l’espoir est le meilleur soutien du courage. Couverts de sang et de terre, haletant et courant au combat, ou retranchés dans leurs abris inexpugnables, ces jeunes soldats enrayèrent l’avance des Anglo-Américains. »

Illustration de combats dans la ville de Caen

Au lendemain de la chute de Caen, de sanglants combats continuèrent à opposer Allemands et Britanniques pour le contrôle de la cote 112, position clé, au sud-ouest de la ville, perdue puis réoccuppée par les blindés de la Hitlerjugend et d’autres unités à la fin du mois de juin.

Le grenadier blindé Zimmer, simple soldat, décrivit dans son journal l’assaut final lancé par les Britanniques, le 10 juillet : « De 6 h 30 à 8 heures, à nouveau des tirs de mitrailleuses lourdes. Puis les Tommies passent à l’attaque — des fantassins et des chars, en masse. Nous combattons aussi longtemps que possible, mais notre position devient vite intenable. Au moment où les derniers défenseurs tentent de se dégager, nous nous apercevons que nous sommes encerclés. »

Le 11 juillet, la division Hitlerjugend est retirée du front et envoyée dans la région de Potigny, à 30 kilomètres au nord de Falaise, pour y être reconstituée et prendre quelque repos.

Dès le 18 juillet, cependant, la Jeune Garde se voit rappelée en première ligne : après un temps d’arrêt, les Alliés reprennent l’offensive. Lançant l’opération Goodwood, les Britanniques tentent d’enfoncer les positions allemandes au sud de Caen.

Ne mettant plus en ligne qu’une cinquantaine de véhicules blindés, la division Hitlerjugend est désormais divisée en deux unités d’assaut, le Kampfgruppe Krause et le Kampfgruppe Waldmüller. Pendant les trois semaines qui vont suivre, les jeunes fauves du Führer continueront à constituer le fer de lance de la défense allemande en Normandie occidentale.

L’ensemble du dispositif allemand commence cependant à s’effondrer sous les coups de boutoir alliés. Le 25 juillet, dans le cadre de l’opération Cobra, la 1ère armée américaine du général Bradley effectue une percée décisive sur le flanc gauche de la Wehrmacht à partir de Saint-Lô. Le 30 juillet, la IIe armée britannique du Lieutenant-General sir Miles Dempsey bouscule la VIIe armée allemande au cours de l’opération Bluecoat.

La division Hitlerjugend verrouille le nord de Falaise lorsque, le 7 août, la 1ère armée canadienne déclenche l’opération Totalise, en vue d’enfoncer les lignes de défense allemandes au sud de Caen. Cette attaque va être menée avec des moyens impressionnants : plus de six cents chars, auxquels la Hitlerjugend ne pourra plus opposer qu’une cinquantaine de véhicules blindés de types divers.

La ténacité et la combativité des jeunes SS de la division, sous les ordres d’un chef comme Panzermeyer, vont avoir raison des premiers assauts alliés. L’offensive est pourtant précédée d’une attaque aérienne massive, qui fait lâcher pied à deux divisions d’infanterie de la Wehrmacht. Panzermeyer voit, au lever du jour, des centaines de fantassins, en proie à une indicible terreur, fuir à travers la campagne vers le sud. « Sous mes yeux, écrira-t-il, les soldats pris de panique de la 89e division d’infanterie fuyaient dans un désordre indescriptible le long de la route Caen-Falaise. Je me rendis compte qu’il fallait faire quelque chose pour que ces hommes retournent vers le front et reprennent le combat. J’allumai un cigare et, me plaçant au milieu de la chaussée, leur demandai d’une voix forte s’ils comptaient me laisser seul combattre l’ennemi. Se voyant interpeller de la sorte par un commandeur de division, ils s’arrêtèrent, puis, après un moment d’hésitation, regagnèrent leurs positions. »

L’obstination des soldats de la Hitlerjugend et la puissance de feu de leurs canons antichars de 75 et de 88 feront que les Canadiens n’avanceront que de cinq kilomètres dans les premières 24 heures.

Les Alliés lancent bientôt des vagues de bombardiers lourds sur les positions de la Hitlerjugend, autour du village de Cintheaux, mais soldats et blindés ont eu le temps de se mettre à couvert.

Pendant deux jours, du 14 au 16 août, Panzermeyer tiendra la cote 159 au nord-est de Falaise, contre deux divisions canadiennes, avec seulement 500 hommes. Pilonnée continûment par les batteries d’artillerie et l’aviation d’appui ennemies la colline n’est bientôt plus qu’un immense brasier et la position devient intenable. Meyer se replie alors avec ses hommes au sud du cours de l’Ante. A stade de la bataille, la division Hitlerjugend ne compte plus que quelques centaines de soldats et 15 chars.

Entrée dans Falaise le 16 août, la 2e division canadienne devra combattre maison par maison avant de se rendre totalement maîtresse de la ville. Un soixantaine de soldats de la Hitlerjugend résistent pendant trois jours dans les bâtiments d’une école : seulement quatre d’entre eux survivront à l’assaut final et seront faits prisonniers.

Avec la prise de Falaise, vingt kilomètres seulement séparent les forces anglo-canadiennes des forces américaines : celles-ci, après avoir enfoncé dispositif du groupe d’armées B par un mouvement en coup de faux dans le sud-ouest de la Normandie sont remontées vers le nord, prenant au piège, dans une vaste poche autour d’Argentan, pas moins de 19 divisions allemandes.

Les derniers éléments de la Hitlerjugend reçoivent l’ordre de tenir coûte que coûte le front nord de la poche, afin de permettre au plus grand nombre possible d’unités de la Wehrmacht de sortir de la nasse avant qu’il ne soit trop tard. Près de la moitié d’entre elles vont y parvenir — grâce à l’héroïsme des derniers soldats de la division de Panzermeyer, qui maintiennent l’étroit corridor au sud de Falaise ouvert pendant encore deux jours. Le commandeur réussira à franchir la Dives avec deux cents homme le 20 août au matin, juste avant que les Alliés n’opèrent leur jonction.

SS HJ 5

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1 COMMENTAIRE

  1. Ces hommes défendaient une mauvaise cause, mais n’en restaient pas moins des hommes que je salue pour leur courage devant de tels moyens déployés par les alliés.

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