jeudi 28 mars 2024

CHRONICORUM BELLI du 3 janvier

3 janvier : Sainte Geneviève, patronne de la gendarmerie.

Issue de la noblesse gallo-romaine du IVe siècle, elle convainc les habitants de Lutèce de ne pas livrer leur ville à Attila, roi des Huns. Inhumée en 503 dans l’ermitage qu’elle a fondé, elle fait l’objet d’un culte chez les Parisiens. Clovis se fera inhumer auprès d’elle. De la basilique construite par Clovis naîtra le Panthéon.


3 janvier 1383 : Fin de la révolte des Maillotins (Paris)

Le 3 janvier 1383, les bourgeois de Paris, exaspérés par le poids des impôts et les désordres de la cour, s’arment de maillets de plomb (d’où leur surnom de « Maillotins ») et descendent dans la rue. Ils en veulent tout particulièrement aux oncles du jeune roi Charles VI, qui exercent en son nom le conseil de régence et pillent les caisses de l’État. Mais ceux-ci instaurent la loi martiale et matent la révolte. Ils suppriment en représailles la prévôté des marchands, l’équivalent de la mairie de Paris…. Sous le précédent règne, la France a commencé à se remettre d’un douloureux conflit avec les Anglais grâce à Charles V le Sage et à son connétable, le breton Bertrand Du Guesclin. Elle a été débarrassée des Anglais, qui ne tenaient plus que 5 ports : Calais, Cherbourg, Brest, Bordeaux et Bayonne, ainsi que des Grandes Compagnies, épuisées par la guerre en Espagne. C’était le début d’une longue embellie dont témoignent les enluminures des Très riches Heures du duc de Berry. Les Français, enfin en paix, peuvent vaquer à leurs occupations et redresser la tête. Mais voilà : à la mort de Charles V le 16 septembre 1380, son fils n’a que 12 ans et même s’il est couronné à Reims le 4 novembre, il faut bien une régence au royaume. Si Charles VI est superbement bien accueilli par la population, la raison en est simple : les impôts récoltés auprès de chaque ménage ont été supprimés ! Le conflit entre les monarchies Anglaise et Française aurait pu s’arrêter là… Il ne faut pas attendre longtemps avant qu’ils rétablissent de nouveaux impôts tout en vidant consciencieusement les caisses du trésor. Des révoltes éclatent dans tout le pays. Les oncles l’ont échappé belle mais réussissent à calmer la révolte en appliquant la loi martiale. En outre, ils suppriment purement et simplement la prévôté des marchands. C’en est trop pour les bourgeois. Une véritable crise sociale se produit qui s’étend d’ailleurs à plusieurs autres pays. En effet, la guerre contre les Anglais et la Peste de 1347 a décimé la population qui doit dès lors travailler 2 fois plus pour… 2 fois plus de taxes. C’est ainsi, qu’outre en France, les paysans se révoltent en Angleterre mais aussi en Hongrie. Apprenant que de nouveaux impôts vont être perçus, les Parisiens se rebellent. En quelques instants, la foule s’arme de maillets et l’émeute embrase toute la capitale. Le royaume du tout jeune Charles VI est en péril alors que les Normands et les Flamands se soulèvent eux aussi…

La révolte des Maillotins n’est pas un phénomène isolé en Europe. La brutale diminution de la population, après la Grande Peste de 1347, réduit la main-d’œuvre disponible dans les campagnes et les villages. Les travailleurs de la terre et les artisans des villes en profitent pour multiplier les revendications sociales. Dans le même temps, les très grosses dépenses dues à la guerre Franco-Anglaise poussent les nobles et les souverains à créer de nouvelles taxes. Ils inaugurent le nouveau règne en suspendant les aides, impôts indirects sur les biens de consommation. Mais cette politique à courte vue est un cruel manque à gagner pour les caisses du royaume qui frôle la banqueroute dès la fin de l’année 1381. Aussi, Louis d’Anjou, oncle de Charles VI, âgé alors de 13 ans, et véritable gouverneur du pays, décide, en janvier 1382, de rétablir les contributions indirectes sur le vin, le sel et la plupart des marchandises échangées. Mais comment l’annoncer aux Parisiens si prompts à se rebeller ? On déniche enfin un héraut qui sera chargé de crier la nouvelle dans les rues de la capitale. Courageux mais pas téméraire, ce dernier se présente aux Parisiens sur la place du marché à l’heure du déjeuner. Après quelques saillies qui déclenchent l’hilarité générale, il mentionne, presque à la sauvette, le rétablissement des taxes pour le lendemain et s’empresse de disparaître. C’est alors que le bruit se répand dans la capitale que Rouen vient de se soulever contre les nouveaux impôts… Paris se réveille le 1er mars sans trop connaître le sort qui l’attend, tant les rumeurs qui circulent sont contradictoires. Mais, vers 7 heures, l’affaire est entendue. Aux Halles, un percepteur est massacré par la foule après avoir réclamé l’impôt à une marchande des quatre-saisons. C’est le signal de l’émeute qui en un éclair gagne toute la capitale. Les artisans, les maîtres de métiers mais aussi les marginaux saccagent, pillent et tuent. À l’Hôtel de Ville et à l’Arsenal, les émeutiers s’emparent des 2 000 maillets de plomb que le prévôt des marchands a entreposés 4 ans plus tôt dans l’idée de parer à d’éventuelles chevauchées Anglaises. Armés de ces lourds marteaux, les « Maillotins » s’en prennent aux Juifs, dont 16 sont passés par les armes, puis aux collecteurs d’impôts dont les registres sont brûlés. Vers midi, Paris est sous le contrôle des émeutiers qui tendent des chaînes en travers des rues et ferment les portes de la capitale. Solidaires de la lutte antifiscale des Maillotins, les bourgeois de Paris s’inquiètent cependant de la tournure prise par les événements. Une délégation se rend auprès du duc de Bourgogne, oncle de Charles VI, et exige l’abolition de l’impôt et l’amnistie générale pour les crimes commis durant l’émeute. Cependant n’entendant pas brader l’autorité royale, le duc refuse la clémence au nom du roi. L’annonce de cette décision provoque la colère de la foule qui se rue vers la prison du Châtelet et y libère les prisonniers. Jusqu’au soir, les geôles parisiennes sont tour à tour vidées de leurs occupants et parfois mêmes saccagées.

Le roi et son entourage ne plient pas pour autant. Les bourgeois de Paris adoptent une nouvelle stratégie : négocier et dans le même temps désarmer les Parisiens. Finalement, le 4 mars, un accord est conclu. Le roi abolit les impôts et accorde une amnistie dont est cependant exclue une quarantaine de « meneurs ». Ceux-ci sont immédiatement arrêtés et 12 d’entre eux sont décapités. Charles VI et ses conseillers cherchent à gagner du temps car le royaume a un impérieux besoin d’argent. L’affaire est délicate car déjà les villes de Normandie, de Champagne et de Picardie grondent et se déclarent solidaires de la révolte de Gand. En octobre 1382, Charles VI doit agir rapidement afin d’éviter que l’émeute ne gagne l’ensemble du royaume. Son armée écrase les insurgés.

Vainqueur, le roi peut alors changer de ton et châtier les Parisiens. Le 11 janvier 1383, Charles VI entre dans Paris à la tête de ses troupes. Dès le lendemain, les chaînes des rues sont ôtées et la porte Saint-Antoine abattue, Paris se trouve de la sorte enlevé d’assaut. Le connétable, les deux maréchaux de France, Jehan du Mauquenchy, dit Mouton, sire de Blainville, et Louis de Sancerre, parcourent les rues, suivis d’une grosse troupe de gens d’armes, s’emparent de toutes les barrières , postent des gardes partout, occupent les places, font détendre les chaînes des rues, désarment les habitants, et envoient leurs soldats se loger partout où ils pourront, de gré ou de force. Le vol est la seule chose qu’on leur défend : aussi, deux soldats, ayant été surpris dérobant l’hôte qui les a reçus, sont, sans autre forme de procès, pendus sur-le-champ aux fenêtres mêmes du bourgeois, qui, vraisemblablement, se serait volontiers passé de pareilles enseignes à sa maison… Les habitants de la capitale sont désarmés et, pendant plusieurs jours, arrestations puis exécutions se succèdent. Une fois la ville remise au pouvoir des princes, les vengeances commencent. Les chaînes des rues sont portées au château de Vincennes, avec toutes les armes qu’on peut enlever aux bourgeois. On a fait monter leur nombre à 800 000, ce qui n’est pas croyable. Puis, quand les habitants, sans défense , gardés à vue dans leurs maisons, séparés les uns des autres, se trouvent de la sorte hors d’état de résister, de nouveau les troupes se répandent dans tous les quartiers, visitent les demeures des citoyens, et exercent au nom de leurs maîtres la plus odieuse tyrannie. Triste et pitoyable rôle qu’on fait jouer à l’armée en cette occasion, et qui cependant est son rôle partout et en tous les temps, puisque les soldats ne veulent pas comprendre que, rentrés dans la vie civile, eux aussi sont citoyens, ils retombent à leur tour sous un joug qui doit leur paraître d’autant plus pénible qu’ils ont aidé à l’établir. Ces allées et venues, ce tumulte d’armes et de guerre qui retentit partout, jettent la ville dans la consternation ; des bruits sinistres de mort et de supplices sont répandus avec adresse de tous les côtés, et ajoutent encore à cette terreur universelle… Puis , quand on fut lassé de ces menaces et de ces odieuses menées, on fait main basse sur les citoyens les plus riches et les plus considérés. Le nombre de ceux qui sont arrêtés de la sorte, contre toute justice, monte à plus de 300. Parmi eux on compte messire Guillaume de Sens, maître Jehan Filleul, maître Jacques Chastel, maître Martin Double, tous avocats au parlement ou au Chatelet ; Jehan Noble, Jehan Vaudetour, et Nicolas Le Flamant, ce vieux et digne marchand, révéré dans Paris, et qui, comme nous l’avons dit plus haut, s’est opposé à la destruction des châteaux royaux. Ils sont tous enfermés dans des prisons différentes, tant on craint la réunion, de ces hommes dévoués même dans un cachot… Les exécutions suivent : quelques uns sont jetés à l’eau, cousus dans des sacs ; d’autres périssent étranglés de nuit dans leur prison, ou pendus de jour, aux yeux de la foule muette et tremblante. Souvent de nouveaux meurtres suivent ces sanglantes exécutions. Des femmes, des vieillards, en apprenant la fin tragique de leurs parents, de leurs époux, préviennent par une mort courageuse le malheur de voir plus longtemps des jours aussi tristes. Un bourgeois, de son état marchand drapier aux halles, ayant péri sur l’échafaud, sa femme, dans son désespoir, court à sa fenêtre et s’y précipite. Son cadavre ensanglanté gît sur le pavé… Elle était enceinte.

Ainsi donc, de tous ses partisans, c’est Jehan Desprez, le bourreau de Paris, qui est à cette heure le ministre du roi le mieux en cour et le plus nécessaire.

On démolit ce qui reste de la vieille porte Saint-Antoine, et on achève de bâtir la forteresse de la Bastille, tandis que, de l’autre côté de Paris, sur les bords de la Seine, hors les murs de la ville, auprès du château du Louvre, une tour avec un large fossé rempli d’eau est élevée rapidement pour tenir les « Parisiens en échec ».

Puis enfin les impôts sont rétablis. De nouvelles ordonnances déshéritent la ville de ses privilèges les plus anciens et les plus respectés. Le droit d’élire ses magistrats et ses officiers lui est enlevé ; et les confréries des métiers, foyers ardents où s’entretient l’esprit de franchise et d’indépendance, sont abolies jusqu’à nouvel ordre. Tout se trouve placé dans la main du prévôt de Paris, dont la nomination est à la merci du roi.

Après quoi, les exécutions recommencent. Le dernier jour de février 1383, on va prendre au Châtelet 12 prisonniers qu’on fait monter dans une charrette pour les conduire à la place de Grève. À leur tête, à l’endroit le plus élevé de la charrette, séparé des autres, on remarque un vieillard marmottant tête basse, ces paroles du psaume 42 : « Judicame, Deus, et discerne causant meam de gente non sanctâ »

C’est l’avocat-général Jehan Desmarets, que le conseil a trouvé traître et séditieux. « Il n’avait rien négligé, dit un auteur du temps (qui d’ailleurs lui est favorable), pour sauver « sa tête et chicaner sa vie ; mais toutes les ruses de son métier ne lui servirent de rien. » Le peuple le voit passer sans colère, lui qui peut aussi adresser bien des reproches à cet homme dont la conduite incertaine et les intentions tortueuses ont causé sa perte. Desmarets avait 70 ans… Enfin, le 20, Charles VI rétablit les impôts indirects sur toutes les marchandises. Les Maillotins ont perdu leur combat.

L’autorité et la puissance d’un souverain ne se mesurent pas seulement à l’aune de ses succès militaires mais aussi à celle de sa miséricorde. Le roi doit savoir pardonner à ses sujets. C’est ainsi que Charles VI, après avoir maté l’émeute parisienne et fait étalage de sa force, accorde sa grâce à la population. Le 1er mars 1383, jour anniversaire de l’émeute des Maillotins, le roi convoque tous les chefs de famille au Palais. C’est Pierre d’Orgemont, un proche du duc de Bourgogne, qui se charge de rappeler les crimes des rebelles. Le pardon de Charles VI qui suit l’exposé en apparaît d’autant plus miséricordieux. C’est bien là le but.

Il s’ensuit de nombreuses révoltes sociales qui annoncent la fin du Moyen-Âge. En Europe occidentale, en marge de révoltes spectaculaires et de troubles politiques, cette époque tragique se solde par une augmentation des salaires et des revenus, ainsi que par un renforcement des droits des travailleurs. Le servage disparaît sur presque toute l’étendue du continent, les seigneurs s’efforçant de retenir la main-d’œuvre paysanne sur leurs terres en offrant de meilleures garanties que précédemment. De la même façon, les seigneurs multiplient les franchises communales pour encourager l’activité artisanale et le commerce sur leurs terres…

Source : Le Figaro


3 janvier 1799 : combats de Saouaqui et Tahta (Egypte).

Davout et Desaix remontent le Nil tout en poursuivant les Mamelouks de Mourad Bey. Assaillis sur leurs arrières, les cavaliers de Davout ripostent et massacrent la plupart des assaillants.


3 janvier 1871 : victoire de Faidherbe à Bapaume (Pas de Calais).

Le GDI Faidherbe s’empare du village de Biefvillers commandant la crête au dessus de Bapaume après un combat au corps à corps. Les Prussiens évacuent dans la nuit.


3 janvier 1892 : Naissance de John Ronald Reuel Tolkien (Bloemfontein), philologue, écrivain auteur notamment des célèbres romans « Le Hobbit » et « Le seigneur des anneaux » adaptés à l’écran par Peter Jackson. Il a participé à la bataille de la Somme en 1916 comme officier de transmissions.


3 janvier 1916 : les Français quittent les Dardanelles.

La dernière brigade française rembarque mettant fin à la triste opération des Dardanelles


3 janvier 1931 : mort à 78 ans du maréchal Joseph Joffre (Paris).

Après un début de carrière marqué par les expéditions coloniales (Tonkin, Soudan français et Madagascar), il est nommé en 1911 chef d’État-Major général de l’Armée, notamment parce qu’il est un spécialiste de la logistique ferroviaire. En 1914, en tant que commandant en chef des armées, il met en œuvre le plan de mobilisation et de concentration (le plan XVII), puis fait appliquer le principe de l’« offensive à outrance », alors enseigné à l’École de guerre, qui se révèle extrêmement coûteux en vies humaines, notamment lors de la bataille des Frontières. Il est ensuite l’artisan de la victoire alliée lors de la bataille de la Marne.

Confronté à l’impasse de la guerre de position sur le front de l’Ouest, ses offensives de l’hiver 1914-1915 (en Champagne), du printemps 1915 (en Artois), de l’automne 1915 (de nouveau en Artois et en Champagne) et de l’été 1916 (sur la Somme) échouent. Fin 1916, il est élevé à la dignité de maréchal de France et remplacé par le général Nivelle. En , il conduit avec Viviani la délégation française envoyée aux États-Unis et convainc le président Wilson de hâter la formation et l’envoi de l’armée américaine sur le front. En 1918, il est élu à l’Académie française.


3 janvier 2009 : opération terrestre israélienne « Plomb durci » (Bande de Gaza).

Afin de stopper le tir de roquettes du Hamas dont il est victime, Israël déclenche l’opération « Plomb durci » le 27 décembre 2008. Pendant une semaine l’aviation israélienne bombarde des cibles supposées abritant des stocks d’armes ou des logements de cadres du Hamas. Les dégâts sont considérables.

Le 3 janvier en soirée, 9 000 Israéliens, appuyés par des blindés, pénètrent dans Gaza, où la densité de population est une des plus élevées au monde. Les combattants-terroristes du Hamas empruntent astucieusement sous-sols et souterrains. L’utilisation des médias par le Hamas est intense et d’autant plus efficace qu’elle met l’accent sur les pertes civiles causées par les tirs israéliens.

Tsahal perd 13 soldats. 1 300 Palestiniens sont tués, en majorité des civils.

Visionner la galerie photos sur FLICKR

Jordanie
ARTICLES CONNEXES

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Merci de nous soutenir !

Dernières notes

COMMENTAIRES RÉCENTS

ARCHIVES TB