vendredi 29 mars 2024

CHRONICORUM BELLI du 20 décembre

20 décembre 1667 : mort du chevalier Paul (Toulon).

Né en mer en rade de Marseille en 1598, fils d’une lavandière, protégé par le gouverneur du château d’If, Paul de Fortia, qui était peut-être son père, il commença à naviguer au commerce à l’âge de douze ans. Vers 1614, il s’embarqua à La Ciotat sur un brigantin de l’Ordre de Malte et passa alors dans la marine de la Religion où il donna rapidement les preuves d’une valeur exceptionnelle ce qui lui fit pardonner ses incartades. Lors d’une rixe à La Valette, il tua un sergent qui l’avait insulté, fut gracié et se distingua peu après dans un combat contre deux galères turques. Son capitaine ayant été tué, il le remplaça, coula un des navires ennemis et prit l’autre à l’abordage.

Confirmé dans son commandement par le grand-maître de l’Ordre, il établit alors sa base à Mytilène pour y faire la guerre au commerce ottoman et livra de nombreux combats. Au cours de l’un d’eux contre cinq bâtiments turcs, il en coula deux, prit un troisième et mit en fuite les deux autres. Ses faits d’armes lui valurent d’être nommé en 1637 chevalier de l’Ordre malgré sa bâtardise.

Recommandé à Richelieu qui cherchait des cadres pour la marine qu’il créait, il fut nommé capitaine de vaisseau et reçut le commandement du Neptune à Brest. Paul rallia aussitôt l’escadre commandée par Sourdis sur les côtes d’Espagne et, le 22 août 1638, prit une part déterminante à la victoire de Guetaria où l’escadre espagnole fut presque détruite. Entré ensuite en Méditerranée, il prit un corsaire turc. Commandant la Licorne en 1639 dans l’escadre de Sourdis, il fit à nouveau campagne sur les côtes d’Espagne (attaques de Santona et de Larreda). Passé en 1643 au commandement du Grand Anglois, il joua un rôle essentiel à la bataille de Carthagène ou du cap de Gate (4 septembre) puis participa en 1644 et 1645 aux opérations sur les côtes de Catalogne.

Dans l’escadre de Maillé-Brézé en 1646, Paul dirigea le 22 mai le débarquement de Talamone en Toscane et le 14 juin se distingua au combat d’Orbitello où il mit hors de combat deux frégates ennemies. L’année suivante, au cours d’une nouvelle campagne sur les côtes d’Italie, il effectua le 3 avril un coup de main sur Naples avec une escadre de six vaisseaux et réussit, après quatre jours de violents combats, à échapper à des forces très supérieures. Dans les mêmes eaux en 1648, il livra le 19 décembre devant Castellamare un vif combat au cours duquel cinq vaisseaux et cinq galères espagnols furent détruits. En janvier 1649, Paul coula en Méditerranée un bâtiment anglais et engagea à nouveau une escadre ennemie.

Anobli et promu chef d’escadre en novembre suivant, il mit en 1650 son pavillon sur la Reine et, le 13 avril, dispersa une division espagnole au large du cap Corse. Lieutenant général en mars 1654, il fit une nouvelle campagne dans les eaux napolitaines et protégea un débarquement à Castellamare. Commandant une division sur le César en 1655, Paul fut gravement blessé lors des combats des 29 et 30 septembre devant Barcelone. Commandeur de Malte en 1659, il effectua en 1660 et 1661 des croisières de protection du commerce devant Tripoli, Alger, Tunis et prit en février 1661 deux corsaires algériens. Commandant en 1663 une division avec pavillon sur l’Hercule, il lança un coup de main sur la Goulette, captura le 8 juin la Perle, navire-amiral algérien et repoussa les attaques d’une escadre tunisienne. Conseiller du duc de Beaufort sur la Royale en 1664, il participa activement le 23 juillet au débarquement de Djidjelli et livra bataille le 24 août devant Cherchell à une escadre algérienne qui fut pratiquement détruite. Paul commanda l’année suivante une division dans l’escadre de Beaufort en Manche sur le Vendôme puis sur le Neptune. Après une dernière campagne en Méditerranée en 1666, malade, il se retira à Toulon où il mourut le 20 décembre 1667 laissant le souvenir d’un marin d’une audace et d’une maîtrise exceptionnelles.

La Marine nationale a baptisé l’une de ses frégates de défense aérienne « Chevalier Paul ».

Source : Dictionnaire des marins français – Etienne Taillemite, Editions Tallandier (2002).

Crédit photo : Marine nationale

20 décembre 1917 : création de la Tcheka (acronyme de « Commission extraordinaire »), ancêtre du KGB sous l’autorité de Félix Dzerjinski pour combattre les ennemis du nouveau régime bolchevik. Son organisation était décentralisée et devait seconder les soviets locaux. En février 1922, elle fut renommée « Guépéou », et fut absorbée en 1934 par le NKVD.

« La Commission extraordinaire n’est ni une commission d’enquête, ni un tribunal. C’est un organe de combat dont l’action se situe sur le front intérieur de la guerre civile. Il ne juge pas l’ennemi : il le frappe. Nous ne faisons pas la guerre contre des personnes en particulier. Nous exterminons la bourgeoisie comme classe. Ne cherchez pas, dans l’enquête, des documents et des preuves sur ce que l’accusé a fait, en acte et en paroles, contre le pouvoir soviétique. La première question que vous devez lui poser, c’est à quelle classe il appartient, quelle est son origine, son éducation, son instruction et sa profession. Ce sont ces questions qui doivent décider de son sort. Voilà la signification et l’essence de la Terreur rouge. »

Martyn Latsis, Journal La Terreur rouge. 1er

Félix Dzerjinski

20 décembre 1937 : Mort du général allemand Erich Ludendorff.

Il est général en chef des armées allemandes pendant la Première Guerre mondiale, de 1916 à 1918. Militariste convaincu, Ludendorff citait volontiers Salluste pour qui « la paix est l’intervalle de temps entre deux guerres ».


20 décembre 1989 : Les États-Unis envahissent le Panama.

L’opération interarmées « Just cause » regroupe environ 25 000 soldats américains, qui dans la nuit occupent tous les points stratégiques du Panama, alors dirigé par le général Manuel Noriega.

Ancien collaborateur de la CIA en Amérique centrale, il est impliqué dans le trafic de drogue et est devenu incontrôlable par les États-Unis qui risquent à cause de lui de compromettre la position stratégique du canal. Les Américains perdent 24 hommes dans cette opération face aux Forces de défense panaméennes (FDP). Si les pertes des FDP sont 10 fois supérieures à celles des GI’s, c’est la population civile de Panama City qui est la plus touchée (pertes estimées entre 500 et 4 000 selon les sources).

Noriega se rend le 3 janvier 1990. Après 17 ans de détention en Floride, il est extradé vers la France (avril 2010) afin d’y être jugé pour blanchiment d’argent. Il a été extradé vers son pays pour y purger une peine de 60 ans de prison.


20 décembre 1995 : l’ONU remplacée par l’OTAN en Bosnie-Herzégovine.

Les casques bleus de la FORPRONU (force de protection des Nations unies) sont officiellement remplacés par les forces de l’OTAN après les accords de Dayton. L’IFOR (Implementation force – force d’imposition de la paix) sera active pendant un an puis transformée en SFOR (force de stabilisation).


20 décembre 1998 : mort à 87 ans d’André Dewavrin, alias « Colonel Passy ».

André Dewavrin s’est illustré sous le nom de Passy en créant et animant les services secrets de la France libre… Jeune capitaine d’active, polytechnicien, c’est le hasard qui le conduit en Angleterre à son retour de Narvik. Il y entendra le discours du maréchal Pétain le 25 juin qui le laisse consterné ; il entend parler du discours du 18 juin du général de Gaulle et décide de le rejoindre à Londres. Celui-ci lui confie la tâche de créer, à partir de rien – sans argent, sans hommes, sans compétence – un 2e Bureau. Il a 29 ans. Il sera pour le spécialiste reconnu de la France libre, Jean-Louis Crémieux-Brilhac, « l’un des quatre ou cinq hommes au côté du général de Gaulle, sans qui la France libre n’aurait pas été ce qu’elle fut… Ce jeune homme, ignorant des activités clandestines, va monter en quatre ans une machinerie des services secrets sans exemple dans notre histoire… De lui et de ses équipes ont dépendu toutes les relations entre la France libre et la Résistance intérieure française…. Le BCRA (Bureau central de renseignements et d’action) va couvrir son propre pays d’une immense texture de réseaux de renseignements sans cesse décimés, toujours reconstitués, faire surgir du magma épars de bonnes volontés et d’ardeur patriotique quelque chose qui finira par ressembler à une armée secrète : la performance est sans précédent. Elle aurait été, en 1940, inconcevable pour tout service secret traditionnel ».

Il est avéré que l’action du BCRA a été déterminante lors du débarquement, en retardant pendant 48 heures l’arrivée des renforts allemands vers les plages normandes.

Les mouvements intérieurs dépendaient évidemment du BCRA, duquel ils recevaient armes, ressources et instructions. On comprend que les relations entre le BCRA « londonien » et les mouvements étaient parfois empreintes d’incompréhension, voire de réserve, de la part de ces derniers qui n’appréciaient pas de perdre de leur autonomie. C’est peut-être pour cela que Passy exigeait de tous ses collaborateurs qu’ils fassent au moins une mission en France avec les risques évidents que cela comportait. Lui-même, à la stupéfaction des Anglais, se fit parachuter en 1943 pour mener une grande mission avec Pierre Brossolette.

En avril 1945, de Gaulle lui demande de transformer « son » BCRA, façonné par lui pour une forme de guerre particulière, en une agence classique. En quelques mois, implacablement, il réorganise le BCRA devenu la DGER (Direction générale des études et recherches). Fin 1945 celle-ci devient le SDECE (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage), précurseur de ce que sont nos services secrets aujourd’hui.
Le général de Gaulle se retire des affaires en janvier 1946, persuadé qu’on le rappellera rapidement. Passy démissionne peu après.

Source : France Archives

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