mercredi 24 avril 2024

A LIRE : La guerre du Chaco, Bolivie-Paraguay (1932-1935)

La connaissance que la plupart de nos contemporains ont de la guerre du (Grand) Chaco est sans doute limitée dans le meilleur des cas au souvenir des aventures de Tintin en Amérique latine. Mais l’on se doute bien que les représentations des généraux Alcazar et Tapioca ou que le récit du conflit entre le San Theodoros et le Nuevo Rico n’ont qu’un très lointain rapport avec la réalité, et il faut remercier Thierry Noël de nous en proposer (une première en français) un récit aussi complet que possible.

L’auteur présente bien sûr le contexte continental de ce conflit et l’importance (réelle mais aussi imaginée) de la région du Chaco aussi bien pour la Bolivie que pour le Paraguay, sans oublier les troubles internes que connaissent chacun de ses deux pays, ou les évolutions récentes de leurs armées. Il organise ensuite son ouvrage en trois grandes parties qui correspondent aux principales phases du conflit. Dans un premier temps (juin 1932-juillet 1933), « La guerre des fortins » voit chacun des deux belligérants chercher à s’implanter durablement dans la région, tout en s’efforçant bien sûr d’en chasser l’autre, ce qui entraîne le développement d’actions militaires de plus en plus significatives.

Au cours de la deuxième phase (juillet 1933-décembre 1934), « La guerre de mouvement » reprend ses droits. Des opérations offensives de grande ampleur sont conduites à tour de rôle par le Paraguay et la Bolivie, des colonnes parfois puissantes manoeuvrant entre les fortins avant de s’élancer à travers de vastes étendues isolées (et désolées). Durant cette phase, on parle parfois d’opposition indirecte (par Sud-Américains interposés) entre matériels et doctrines venus de France et d’Allemagne. Thierry Noël souligne à l’occasion le rôle méconnu des… chauffeurs de camions-citernes : « Sillonnant le Chaco de part en part, au volant de véhicules souvent improvisés et inadaptés au climat comme au terrain, ils luttent pour faire parvenir l’eau potable aux combattants ».

Une dernière phase, « Finir la guerre », s’étend enfin de décembre 1934 à juin 1935, alors que les pertes cumulées deviennent difficiles à compléter, que maladies et épidémies causent plus de dégâts désormais que les opérations actives et que la SDN comme les Etats voisins se préoccupent désormais de trouver une solution diplomatique.

L’ouvrage est essentiellement descriptif, ce qui pour une première grande étude en français est somme toute préférable. Une utile chronologie et une bibliographie de référence complètent ce volume. D’une lecture aisée, il intéressera tous ceux qui veulent en connaître plus sur l’entre-deux-guerres aussi bien que sur cette Amérique latine souvent absente de l’historiographie.

Thierry NOËL est historien latino-américaniste. Il est notamment spécialiste des questions militaires et politiques de l’Amérique latine contemporaine. Il est l’auteur de deux ouvrages, l’un sur la guérilla du Che en Bolivie, l’autre sur le trafiquant colombien Pablo Escobar et son époque aux Éditions Vendémiaire.

Source : Guerres & Conflits

Éditions Economica, 152 pages, 23 euros.

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