vendredi 19 avril 2024

HISTOIRE : Chronique culturelle du 11 mai

11 mai 1678 : naufrage des récifs d’Aves (actuel Venezuela).

Après avoir repris aux Hollandais, l’ile de Gorée, Tobago et Cayenne durant la campagne de 1676-1677, le vice-amiral Jean d’Estrées décide d’attaquer Curaçao, île hollandaise. Refusant de prendre un pilote alors que ses adjoints l’exhortent à le faire, il s’échoue dans la nuit du 11 au 12 mai avec 17 navires (dont le vaisseau amiral le Terrible) sur les récifs des îles d’Aves. Cette catastrophe (500 morts) a effacé de la mémoire de la Royale ses premiers succès sans toutefois l’empêcher d’être promu maréchal de France en 1681.


11 mai 1689 : bataille de la baie de Bantry (Irlande).

Victoire navale française sur les Anglais durant la guerre de la Ligue d’Augsbourg. Jacques II d’Angleterre, détrôné par Guillaume d’Orange, s’est réfugié en France où Louis XIV l’aide à retrouver son trône. Une armée navale de 24 vaisseaux commandée par le lieutenant général de Châteaurenault débarque ainsi 1 500 hommes dans la baie de Bantry lorsqu’il est rejoint par une flotte anglaise (amiral Herbert). Châteaurenault réussit à la fois le débarquement des troupes et la sortie de la baie sous le feu anglais puis met en fuite l’escadre ennemie qui dénombre plus de trois cents tués ou blessés.


11 mai 1745 : bataille de Fontenoy (Belgique).

Louis XV grâce au Maréchal de Saxe remporte une belle victoire sur la coalition anglo-hollandaise du duc de Cumberland. Une colonne ennemie parvient à percer la première ligne française mais est stoppée par l’utilisation à bout portant de 4 canons. Profitant de la désorganisation créée, les Français (mais aussi des Irlandais !) chargent la colonne disloquée. Cette célèbre bataille est décrite dans de nombreux ouvrages.

A signaler le canon artisan de la victoire, du général Rouqueyrol, (Lavauzelle – coll. la pensée préservée) évoquant le rôle de l’artillerie dans les batailles (jusqu’à la Première guerre mondiale) et notamment cette fameuse contre-attaque à Fontenoy permise par quelques canons bien placés. Voir aussi le Poème de Fontenoy par Voltaire et les peintres Philipoteaux (la bataille de Fontenoy) ou Detaille (le salut avant la bataille de Fontenoy) illustrant la mythique et improbable formule « Messieurs les Anglais, tirez les premiers ! »

Bataille de Fontenoy, par Félix Philippoteaux (1815-1884).

11 mai 1857 : attaque du fort de Médine (actuel Mali).

Poussée par la rivalité de son puissant voisin le Royaume-Uni, la France avait l’ambition de créer un empire colonial dans l’ouest de l’Afrique. Une première tranche de crédit pour la ligne de chemin de fer du Dakar-Niger qui formera la colonne vertébrale avait été votée l’année précédente par le pouvoir législatif.

L’armée et ses tirailleurs avaient déjà fait une partie du travail : forçant son chemin vers l’est, elle avait réussi à établir une série de forts (dont celui de Médine construit en 1855 sous la direction de Louis Faidherbe), ainsi qu’une ligne télégraphique, acheminant troupes et canons par les fleuves, sur des navires à vapeur apportés en pièces détachées au début des voies navigables.

L’armée toucouleure comptait de 20 000 à 25 000 hommes armés de fusils et elle fit le siège du fort de Médine, le plus avancé. Le siège dura 97 jours, durant lesquels, à chaque assaut, les assiégeants laissèrent des centaines de cadavres au pied du mur du fort. Rapidement, les monceaux de corps en putréfaction empestèrent la garnison. Le , les militaires et les quelque 7 000 habitants du village allié relié au fort n’eurent plus rien à manger. Le commandant, le sergent Desplat, à court de munitions, prépara des grenades pour se faire sauter « quand il verrait l’ennemi dans la place ».

C’est alors que surgit Faidherbe lui-même, à bord d’un bateau à vapeur transportant « 500 combattants, dont 100 Blancs ». À quelques kilomètres, le navire fut bloqué par des hauts-fonds. Faidherbe clama : « Le devoir est de périr ou de sauver Médine. » On « surchargea les soupapes de sûreté et on poussa les feux ».


11 mai 1916 : mort du commandant de Rose, créateur de la Chasse.

Charles de Tricornot de Rose est né en 1876. Fils d’un officier de cavalerie, il entre à Saint-Cyr en 1895 et choisit les dragons. Condamné à trois ans de non-activité par un tribunal militaire lors de l’affaire des inventaires à la suite de la loi de séparation des églises et de l’Etat, il se passionne pour l’aviation naissante avant de réintégrer l’armée en 1910 au sein de la toute jeune aéronautique militaire. Titulaire du premier brevet d’aviateur militaire en 1911, il participe au développement de cette nouvelle composante des armées en particulier pour l’observation et le réglage d’artillerie tout en étant persuadé, très vite, que l’avion devra aussi participer par son armement aux combats. En août 1914, il commande l’aéronautique de la 5e armée de Franchet d’Esperey. En mars 1915, il crée la première escadrille, spécialisée dans la chasse, la MS 12. Toutefois, il n’y a pas encore une doctrine d’emploi. Après avoir pris le commandement du secteur de Verdun, le général Pétain lui demande, le 28 février 1916, de rassembler les meilleurs chasseurs avec la fameuse injonction : « Je suis aveugle. Rose balayez moi le ciel ». Au bout de quinze jours, les avions du commandant de Rose ont réussi à reprendre la maîtrise du ciel afin que les avions d’observation puissent renseigner le commandement et régler les tirs d’artillerie. La chasse n’étant pas une fin en soi mais le moyen de permettre la réalisation des autres missions de l’aéronautique. Le commandant de Rose meurt dans un accident d’avion le 11 mai 1916 sans avoir vu la totalité de sa réussite. Un avion Bébé Nieuport du type de ceux utilisés lors de la bataille de Verdun est exposé au musée de l’Air et de l’Espace du Bourget.

(Gilles Aubagnac – musée de l’Air et de l’Espace). 


11 mai 1941 : dernier raid du Blitz sur Londres.

La Chambre des Communes, à Londres est détruite tôt dans la nuit lors d’un raid massif responsable de 2 000 incendies et de 3 000 victimes. Quelques jours plus tard la Luftwaffe est envoyée à l’est pour préparer l’invasion de l’URSS ce qui met fin au Blitz. Entre septembre 1940 et mai 1941, ce dernier a fait 43 000 morts, 90 000 blessés graves, et 150 000 blessés légers, tous civils. La Luftwaffe a perdu 2 000 appareils et leurs équipages. L’Allemagne ne parvint cependant pas à briser le moral des Britanniques et n’arriva pas non plus à paralyser leur effort de guerre.


11 mai 1944 : attaque du mont Majo (Italie).

Depuis le mois de janvier 1944, les alliés butent sur la ligne de défense Gustav dont le verrou est le mont Cassin tenu par des troupes d’élite allemandes. Les alliés engagent jusqu’à 300 000 hommes face aux 100 000 allemands retranchés dans les montagnes. Le général Juin persuade les alliés d’abandonner l’attaque frontale du mont Cassin pour le déborder par les hauteurs voisines là où les allemands jugent la pénétration impossible. Dans la soirée du 11 mai, Juin lance les goumiers et tirailleurs du général Guillaume (2e division d’infanterie marocaine et 4e division marocaine de montagne) à l’assaut du mont Majo. Ils transportent leur artillerie à dos de mulets sur des terrains impraticables pour des troupes non aguerries au combat en montagne et finissent par prendre le sommet le 13 mai. Le colonel allemand Böhmler, l’un des défenseurs de Cassino dans ses mémoires : « La grande surprise fut l’attitude au combat du Corps expéditionnaire français. C’est Juin qui, en s’emparant du mont Majo et en faisant irruption dans la vallée du Liri, a réduit en miettes la porte de Rome. »


11 mai 1960 : le Mossad enlève Adolph Eichmann (Buenos Aires).

Responsable durant la Seconde Guerre mondiale de la logistique de la solution finale, l’officier SS Eichmann est fait prisonnier par les Américains en 1945 alors qu’il tente de fuir sous une fausse identité. Le 5 février 1946, il s’évade et gagne l’Argentine après s’être caché en Allemagne, en Autriche et en Italie pendant 4 ans grâce à des complices.

Le Mossad intervient secrètement en Argentine, sur ordre du Premier ministre israélien Ben Gourion, et parvient à l’enlever et à l’exfiltrer vers Israël. Les Israéliens veulent un procès à l’image de celui de Nuremberg pour accomplir un travail de mémoire auprès de la jeune génération.

Ce procès très médiatisé est suivi dans le monde entier. L’accusé reconnait les faits mais affirme n’avoir fait qu’obéir aux ordres reçus. Il est pendu et incinéré le 1er juin 1962. Ses cendres sont dispersées dans les eaux internationales de la Méditerranée.


11 mai 1988 : mort à 76 ans de Kim Philby (Moscou).

Agent double britannique à la solde du KGB, Philby est un des plus célèbres traitres de la période de la Guerre Froide. Issu d’une famille prestigieuse, il est plus ou moins clairement protégé par le gouvernement britannique lorsque les soupçons des services secrets occidentaux se transforment en preuves. Ecarté du MI6, il s’exile à Beyrouth puis gagne l’URSS où il est accueilli en héros. Le scandale est grand au Royaume-Uni mais aussi en Occident.

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