20 mars 1239 : mort de Hermann von Salza, 4e grand maître de l’ordre Teutonique.
Né probablement vers 1179 à Langensalza aux environs de Mühlhausen, Hermann von Salza est originaire d’une famille de ministériaux du landgraviat de Thuringe. Le moment précis où il entre dans l’ordre Teutonique est inconnu, probablement au cours de la dernière décennie du XIIe siècle.
En juin 1209, Hermann von Salza succède à Heinrich von Tunna, le troisième grand maître de l’ordre, mortellement blessé en Cilicie. Sous son magistère, l’ordre Teutonique conduit, en 1211, à la demande du roi André II de Hongrie, une expédition dans le Burzenland afin de coloniser le pays et de convertir les Coumans au christianisme. Les chevaliers s’établissent au sud-est de la Transylvanie et tentent d’y créer un État autonome. Quelques grandes villes comme Kronstadt voient alors le jour. L’ordre y prospère, mais sera chassé par les troupes du roi de Hongrie en .
Hermann von Salza accompagne en 1211-1212 le prélat Wilbrand d’Oldenburg lors de son voyage en Palestine, en Syrie, en Arménie et à Chypre. En 1215, il effectue un séjour à Rome et reçoit du pape Innocent III une confirmation des privilèges de l’ordre Teutonique. À la fin de l’année 1216, il rencontre l’empereur Frédéric II pour la première fois à Nuremberg, et devient rapidement l’un de ses principaux conseillers. Il se rend à nouveau en Terre sainte en 1218 et concourt, durant la cinquième croisade, à la prise de Damiette en 1219. De retour en Europe, il assiste en 1220 au couronnement de l’empereur à Rome et obtient du pape Honorius III de nouveaux privilèges pour son ordre, comme le port du manteau blanc auparavant réservé aux Templiers. En 1223-1224, il effectue une mission diplomatique dans le nord de l’Allemagne afin de faire libérer le roi Valdemar II de Danemark.
Hermann arrange en 1225 le mariage entre Frédéric II et Isabelle, la fille de Jean de Brienne, alors roi de Jérusalem. Il voyage ensuite en Allemagne afin de lever des troupes pour la sixième croisade. Il fait partie du premier contingent de croisés allemands déployés en 1227 et élève la forteresse de Montfort, qui deviendra le siège principal de l’ordre Teutonique en Terre sainte. Il accompagne Frédéric II lors de son entrée à Jérusalem en et participe à la cérémonie du couronnement. Il reçoit en récompense de son dévouement des privilèges importants pour son ordre à Saint-Jean-d’Acre et à Jérusalem. À la suite de cette croisade, Hermann revient en Europe et œuvre pour lever l’excommunication dont l’empereur fait l’objet. Grâce à sa médiation, l’empereur et le pape Grégoire IX signent un traité de paix à Ceprano en 1230, et l’excommunication de Frédéric II est levée.
En 1225, le duc Conrad de Mazovie demande une aide militaire à l’ordre Teutonique afin de pacifier le pays de Culm. En 1230, avec la probable collaboration de l’évêque Guillaume de Modène, l’ordre signe avec le duc de Mazovie le traité de Kruschwitz. En la bulle d’or de Rieti, fulminée par le pape Grégoire IX, donne à l’ordre Teutonique la totalité de la terre de Prusse, encore à conquérir, et place le nouvel État sous la protection du Saint-Siège. Hermann von Salza obtient également le soutien de l’empereur qui lui remet une charte de donation, la bulle d’or de Rimini, accordant à l’ordre Teutonique les droits des princes d’Empire dans cette région. Les chevaliers Teutoniques s’installent sur la basse Vistule à la frontière de la Pologne et commencent leur longue campagne d’évangélisation forcée des peuples baltes. La conquête de la Prusse, lancée dès 1230, est confiée par le grand maître au commandeur Hermann Balk.
Hermann reprend ensuite à plusieurs reprises son rôle de diplomate : en 1232-1234 pour régler la querelle entre le maréchal impérial Richard Filangieri et les barons des États latins d’Orient, puis en 1235 pour mettre un terme au conflit entre Frédéric II et son fils Henri VII. Les excellentes relations qui unissent le grand maître au pape d’une part, et à l’empereur d’autre part, lui permettent d’obtenir de nombreux privilèges et de nombreuses donations qui renforcent le pouvoir de l’ordre Teutonique. En 1237, il obtient le rattachement à l’ordre des chevaliers Porte-Glaive, décimés à la suite de défaite de la Saule. Ces derniers formeront la branche livonienne de l’ordre Teutonique.
Hermann von Salza passe la fin de sa vie en Italie du Sud, où il meurt le .
20 mars 1800 : bataille d’Héliopolis (Egypte).
La bataille d’Héliopolis est une victoire française remportée le par l’armée d’Orient, sous les ordres du général Kléber, face à l’armée ottomane.
Afin d’évacuer honorablement l’Égypte et de participer aux actions militaires en Europe, Kléber engage avec les Ottomans et les Britanniques des négociations qui aboutissent à un accord, le . L’application de cet accord s’avère impossible, à cause des dissensions internes des Britanniques, des atermoiements du sultan et de la reprise des hostilités en Égypte.
L’amiral britannique Keith ne respecte pas la convention d’El Arich signée le . Refusant de capituler, Kléber reprend les hostilités. Les Britanniques et les Turcs croient l’armée d’Orient trop faible pour leur résister. À la tête de l’armée ottomane, Nassif Pacha marche sur Le Caire, dont la population s’insurge à son appel, mais les troupes françaises contre-attaquent et remportent la victoire à Héliopolis le 20 mars 1800 ; puis, rentrant au Caire, elles parviennent à mater l’insurrection.
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Après le départ de Bonaparte, la direction de l’armée d’Orient est confiée au général Jean-Baptiste Kléber. Malgré les diverses richesses que l’Égypte peut livrer à la France, et sans prendre compte de la réelle situation de l’armée, Kléber écrit au Directoire un rapport qui dénonce la fuite de Bonaparte, les conditions catastrophiques de l’armée, et exprime sa volonté (et celle d’une partie de l’armée) de rentrer en France
Ce projet d’évacuer l’Égypte est contraire aux instructions laissées par Bonaparte dans sa dernière lettre à Kléber. Envisageant les conditions pouvant mettre l’armée d’Orient dans l’obligation d’évacuer, Bonaparte avait écrit : « mais si, au printemps prochain, vous n’avez reçu ni secours ni instructions, si la peste avait détruit au-delà de 1 500 hommes, indépendamment des pertes de la guerre ; si une force considérable, à laquelle vous seriez incapables de résister, vous pressait vivement de négocier avec le vizir ; consentez même s’il le faut à l’évacuation […] ».
Or, Kléber est très loin des cas prévus par Napoléon : aucun cas de peste ne s’est déclaré, les effectifs sont encore très importants et de nombreux chrétiens d’Égypte (Grecs, Syriens et Coptes) demandent à s’enrôler dans l’armée française. Pourtant, Kléber songe de plus en plus à l’idée d’une évacuation honorable du pays. En , ayant achevé la conquête de la Haute-Égypte, le général Desaix est rappelé par Kléber qui pense utiliser sa notoriété pour entreprendre les négociations avec le vizir ottoman, dont l’armée commence à s’approcher des premières positions françaises en Égypte.
De son côté, William Sidney Smith, commandant la flotte britannique qui patrouille devant l’Égypte, commence le convoyage des troupes turques (8 000 janissaires) destinées à prendre Damiette. Un premier débarquement de 4 000 janissaires a lieu le 1er, mais il est aisément repoussé par les 1 000 soldats français du général Verdier qui empêchent ainsi le débarquement des 4 000 janissaires restant. Les pertes turques sont considérables, 3 000 hommes périssent et les 1 000 autres sont faits prisonniers, alors que les Français ne comptent que deux tués et cent blessés dans leurs rangs.
Malgré cette victoire, Kléber continue d’envisager l’évacuation du pays. Il envoie donc un émissaire auprès du vizir en Syrie, qui est assez bien accueilli notamment grâce à l’influence de l’amiral britannique William Sidney Smith. Ce dernier se présente comme ministre plénipotentiaire de la Couronne britannique, fonction qu’il n’a jamais eue, d’autant plus qu’un ambassadeur, lord Elgin vient d’arriver à Constantinople. Kléber entame donc des négociations avec un interlocuteur dont il ignore complètement le statut exact.
Les négociations commencent sur le vaisseau amiral de Smith, le Tigre, aux abords de Damiette. Le plénipotentiaire français est le général Desaix, pourtant opposé à l’évacuation de l’Égypte. Il expose les conditions de Kléber exigeant que les troupes françaises puissent être évacuées honorablement avec armes et munitions ; que les îles de Corfou, Zante, Céphalonie, et Malte soient restituées à la France ; et que l’alliance entre l’Empire ottoman, la Russie et la Grande-Bretagne soit rompue. Smith refuse catégoriquement ces conditions qui, relevant de la compétence de plusieurs nations, ne peuvent être accordées par un simple « plénipotentiaire ». Les négociateurs traitent donc les sujets les plus urgents : l’évacuation des blessés et des savants d’Égypte. Ce point relève directement des compétences de Smith, qui y consent sans trop de pourparlers.
Quant à l’armistice, Smith déclare qu’en attendant l’arrivée des plénipotentiaires, il fera part des conditions françaises au vizir, stationné près de Gaza. L’amiral britannique accepte donc une trêve. Lorsque l’amiral britannique arrive auprès du vizir, les troupes turques, aidées par des officiers britanniques et des émigrés français, viennent de prendre le fort d’El Arish, massacrant une centaine de soldats français. La lettre de Smith concernant la trêve n’était pas arrivée à temps pour empêcher la prise du fort. Smith s’empresse d’écrire une lettre expliquant la cause de cette attaque à Kléber, qui réagit sans grande indignation. À cause du vent, Desaix et les autres représentants français ne peuvent débarquer à Gaza que le et à El Arish le .
Les pourparlers débutent d’une manière houleuse. Le vizir exige que l’armée française se constitue prisonnière. Smith rétablit la situation en proposant plusieurs conditions honorables. Stationné à Salalieh, Kléber ajuste aussi ses positions et consent à abandonner certaines revendications, notamment les îles de Corfou, Zante, Céphalonie, et Malte. Mais il exige la rupture de l’alliance britanno-russo-ottomane.
Après plusieurs heures de négociations, il est convenu que toutes les hostilités cesseront pendant trois mois, le temps que le vizir rassemble dans les ports de Rosette, Alexandrie et Aboukir une flotte nécessaire à l’évacuation. Les forts de Katieh, Salalieh, Belbeïs, positionnés près de la Syrie, doivent être concédés 10 jours après la signature du traité ; et celui du Caire 40 jours après.
Smith s’engage à fournir les passeports à l’armée, mais les négociateurs français ne remarquent pas que l’amiral, censé représenter la Grande-Bretagne, n’a pas signé la convention, négligence qui entraîne de graves conséquences. Malgré ces faits patents, la convention d’El Arish est promulguée le .
La convention d’El Arich n’est pas ratifiée par les autorités anglaises. Informé par l’amiral Sidney Smith, Kléber reprend les hostilités. Les Anglais et les Ottomans croient l’armée d’Orient trop faible pour leur résister. Le Grand Vizir, Youssouf Pacha, marche sur le Caire, dont la population se soulève contre les forces françaises.
Le , l’avant-garde ottomane de Nassif Pacha occupe le village d’El-Matarieh, tandis que le Grand Vizir est placé entre Abou-Zaabel et El-Kanqah. Nassif Pacha dispose de 5 000 à 6 000 janissaires et de plusieurs milliers de cavaliers et fortifie sa position avec 16 pièces d’artillerie.
Dans la nuit du 19 au , Kléber sort du Caire et passe sur la rive droite du Nil. L’armée française se dispose en quatre carrés, fort chacun d’une brigade. La division Friant, constituée des brigades Belliard et Donzelot, forme la droite du dispositif français dont le centre est formé par la cavalerie légère de Leclerc d’Ostein et la gauche par la division Reynier, constituée des brigades Lagrange et Robin.
Le mouvement français s’amorce à trois heures du matin. La division Friant tourne les positions ottomanes et se place à l’est d’Héliopolis pour couper la retraite à l’armée de Nassif Pacha. Lorsque l’aile gauche française aborde le village d’El-Matarieh et l’enlève, les janissaires se débandent et, la retraite coupée par l’aile droite française, cherchent à se diriger vers Le Caire. Simultanément, un corps de cavalerie turque se présente sur la gauche française en tentant de forcer le passage vers Le Caire, mais il est repoussé à l’issue d’un vif combat.
Après avoir dispersé l’avant-garde ennemie, l’armée française reforme ses carrés et marche sur Seriaqous et El-Merg. C’est alors qu’apparaît le gros de l’armée ottomane dont la cavalerie attaque la division Friant au bois d’El-Merg. Les carrés français sont entourés par la cavalerie turque mais ses charges sont vite disloquées par le feu de l’infanterie française.
Les pertes françaises, environ 600 tués et blessés, sont minimes. Les Turcs perdent eux de 8 000 à 9 000 hommes, tués, blessés et prisonniers. Les Français pillent le campement ottoman et y découvrent un butin considérable. Malgré les demandes de ses conseillers anglais, le Grand Vizir évacue l’Égypte avec son armée. Mourad Bey se sépare de l’armée ottomane et gagne le désert avant de signer un traité avec les Français le . La position française en Basse-Égypte sort donc renforcée de cette bataille.
Une partie des fuyards ottomans, dont Nassif Pacha et Ibrahim Bey, se jettent dans la ville du Caire, toute proche du lieu de la bataille. C’est le signal de la révolte de la population et les quelques forces françaises encore présentes dans la ville s’enferment dans la citadelle. Kléber ne reprend le contrôle total de la ville que le 18 avril après de durs combats.
20 mars 1814 : bataille d’Arcis-sir-Aube.
La bataille d’Arcis-sur-Aube a lieu les 20 et , entre une armée française commandée par Napoléon 1er et une armée autrichienne commandée par Schwarzenberg.
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Après la campagne d’Allemagne, Napoléon est forcé de repasser le Rhin : il refait ses troupes (voir les Marie-Louise). Les armées coalisées affluent de toutes parts vers la France : les Anglo-Espagnols franchissent les Pyrénées, des armées autrichiennes franchissent les Alpes, des armées russes, prussiennes et autrichiennes le Rhin.
L’armée française est pour sa plus grosse part dispersée dans les places des Pays-Bas, d’Allemagne, de Belgique. Ses corps de manœuvre sont de taille réduite, et peuvent à tout moment être submergés par des forces très supérieures en nombre. Ces différentes colonnes convergent vers Paris, qui est l’enjeu de la campagne de France.
Contre toute attente, Napoléon remporte victoire sur victoire pendant l’hiver 1814. Son plan est de battre séparément les corps des coalisés, en attendant que les troupes françaises d’Allemagne, sous la conduite de Davout, rejoignent la France.
Le , Schwarzenberg a affronté, sans les détruire, les troupes des maréchaux Oudinot et Macdonald dans le secteur de Provins (bataille de Léchelle-Cormeron). Le 17 mars, il s’est emparé du passage de la Seine à Nogent, de telle sorte que ses avant-gardes se trouvent à moins de cent kilomètres de Paris. Il stoppe sa marche vers la capitale et dirige l’essentiel de son armée, à la rencontre de celle de Napoléon, vers Arcis-sur-Aube.
Pour éviter que l’armée de Bohême arrive sous les murs de la capitale dans les quatre jours, Napoléon décide de l’assaillir au plus vite. L’Empereur opte pour l’audacieuse solution d’accourir de Reims sur Troyes par Arcis-sur-Aube, de façon à tomber sur les arrières de l’ennemi une cinquantaine de kilomètres en deçà de ses têtes de colonne. Il laisse à Fismes et à Reims Mortier et Marmont face à Blücher, et met lui-même le cap vers le sud. Le 19 mars, apprenant que les Autrichiens occupent Arcis, il passe l’Aube à Plancy et marche sur Méry, s’imaginant déboucher en ce point en plein dans le dos de l’adversaire. Mais son arrivée si foudroyante quelle soit, n’est pas restée inaperçue ; les chefs de l’armée de Bohême, aussitôt informés, ont rétrogradé en toute hâte. L’ensemble de leurs forces se replie méthodiquement vers Troyes et, dans les aléas d’un recul aussi massif, elles ne laissent aux mains des coureurs français que quelques voitures…
Ce nouveau coup d’audace impériale a sauvé Paris une fois de plus. Mais la disproportion des forces rend une victoire inenvisageable. L’Empereur engage une nouvelle manœuvre sur les arrières de l’armée de Bohême. Il lui suffit de passer au nord de cette dernière, en rejoignant Saint-Dizier par Arcis-sur-Aube, puis de descendre sur Joinville ou Doulevant-le-Château pour se retrouver dans le dos de Schwarzenberg, avec de plus la communication directe assurée avec les garnisons des places de l’Est, voire avec Augereau et ses divisions lyonnaises.
Le 20 mars, après avoir rappelé à lui Oudinot et Macdonald, Napoléon se dirige vers Arcis-sur-Aube. En ce point, à 14 heures, sa cavalerie se heurte à l’avant-garde de l’armée de Bohême, dont le chef, le découvrant aventuré le long de l’Aube, vient de décider une offensive générale propre à en finir avec lui en le culbutant dans la rivière.
Napoléon voit les obus exploser devant un bataillons de jeunes recrues, qui se replient. Il se précipite, se place à leur tête, et quand un obus tombe au pied de son cheval, il ne bouge pas. L’obus explose, le cheval est éventré, mais Napoléon se relève au milieu de la fumée. Les soldats l’acclament, partent à l’assaut et prennent Torcy.
À 16 heures, la bataille fait rage ; le soutien de l’infanterie de Ney n’a pas permis aux cavaliers français de progresser plus avant. Le « brave des braves » s’accroche au hameau de Torcy-le-Grand, tenant tête aux Bavarois de De Wrede, tandis que la position même d’Arcis, âprement disputée contre les Autrichiens avec l’assistance vigoureuse de la division de la Vieille Garde conduite par Friant. La nuit d’hiver ne ralentit pas le combat ; Torcy-le-Grand n’est plus qu’un amas de décombres dévorés par l’incendie, quand à minuit la fusillade décline pour devenir sporadique. 16 500 Français fanatisés viennent de tenir tête à 30 000 alliés pendant plus de huit heures de corps à corps.
À l’aube du 21 mars, Schwarzenberg, trompé par l’étonnante résistance de ses adversaires, surestime l’importance de leurs effectifs et perd toute la matinée à attendre l’arrivée de ses réserves pour reformer sa ligne de bataille. Face à lui, les renforts affluent également : le corps de Macdonald n’est plus loin et l’entrée en ligne de celui d’Oudinot porte les forces napoléoniennes à 28 000 baïonnettes et 6 000 sabres.
Si le prince autrichien a commis une faute en surestimant son adversaire, Napoléon, trompé par ce calme début de matinée du 21 mars, sous-estime le sien en s’imaginant que son inactivité correspond à une retraite. Aussi, vers 10 heures, les Français reçoivent-ils l’ordre d’attaquer ; mais bientôt, force leur est de se rendre compte qu’ils donnent au cœur d’une armée de 100 000 combattants dont les différents éléments dessinent un arc de cercle autour d’Arcis, avec d’ouest en est, Wurtembergeois, Russes et Bavarois et Autrichiens formant la réserve. 370 canons appuient cet ensemble imposant. Aucune autre solution pour Napoléon que de faire retraite en repliant tout son monde sur la rive droite de l’Aube, par l’unique petit pont d’Arcis.
Heureusement pour lui, Schwarzenberg ne commence son attaque qu’à 16 h 30. Oudinot lui tient tête dans le bourg sous une pluie d’obus et réussit vers 21 h à ne détruire le passage qu’après avoir retiré sa dernière brigade.
Il arrive à Saint-Dizier, le mercredi 23 mars 1814 à 14 heures. Les fantassins sont couchés a même le sol contre les façades des maisons. Après des jours et des jours de marche et de combats les soldats sont épuisés et leur uniforme sont souillés. Quand il entre dans la maison du maire, les maréchaux sont déjà là. Berthier et Ney lui disent que la bataille d’Arcis-sur-Aube a été coûteuse et que l’ennemi dispose d’au moins 100 000 hommes et de plusieurs centaines de pièces de canons. Napoléon commence à écrire : « Mon amie, J’ai été tous ces jours-ci à cheval. Le 20, j’ai pris Arcis-sur-Aube. L’ennemi m’y a attaqué à six heures du soir, le même jour je l’ai battu et je lui ai fait quatre mille morts. Je lui ai pris deux pièces de canons, il m’en a pris deux, cela fait quitte. Le 21, l’armée ennemie s’est mise en bataille pour protéger la marche de ses convois sur Brienne et Bar-sur-Aube. J’ai pris parti de me porter sur la Marne et sur ses communications afin de le pousser plus loin de Paris et me rapprocher de mes places. Je suis ce soir à Saint-Dizier. Adieu, mon amie. Un baiser à mon fils. Napoléon »
Par manque d’audace et d’esprit d’initiative, l’état-major de l’armée de Bohême vient de perdre une magnifique occasion de faire de l’Aube le tombeau de la Grande Armée.
Pourtant, dans le Wurtemberg, en Bavière et en Russie, la bataille fut commémorée comme une victoire des alliés sur Napoléon. En témoignent le nom de la rue Arcisstraße à Munich, et d’Arcis, une colonie de peuplement allemand en Russie (aujourd’hui en Ukraine, dans la région d’Odessa), ainsi qu’un village cosaque du Sud de l’Oural (Арсинский/Arcinski). À Munich, le Conservatoire a son siège dans l’Arcisstraße, et de temps en temps des ensembles de musique choisissent ce nom bien sonnant (Arcis-Quintett, Arcis-Vokalisten), sans trop se soucier de son histoire belliqueuse.
20 mars 1912 : création du service de l’aviation maritime (Fréjus Saint-Raphaël).
Par décret présidentiel et sur les bases des recommandations de la commission Le Pord (1910), la future aéronavale voit le jour. Elle est initialement constituée d’un hydravion Canard Voisin embarqué sur le croiseur Foudre dont le premier commandant est le capitaine de frégate Fatou (par ailleurs commandant supérieur de l’aviation maritime).
Le 28 mars 1910, un hydroaéroplane vole, pour la première fois au monde, aux mains de son inventeur, Henri Fabre. En début d’année, sept officiers de marine sont envoyés au cours de pilotage dans des écoles civiles. Il s’agit des LV Byasson et Hautefeuille et des EV Lafon, Devé, Delage, Conneau et Cayla. Ces sept officiers sont brevetés par l’Aéro-club de France entre août 1910 et mars 1911. La Marine passe commande d’un biplan Maurice Farman à roues le 12 septembre. Celui-ci, propulsé par un Renault 50 hp, est livré le 26 décembre 1910. Il est confié personnellement au LV Byasson et il est mis en œuvre sur le terrain de Buc.
Les officiers aviateurs réalisent des études sur la mise en œuvre d’aéroplanes à bord de bâtiments de guerre. Souvent inspirées des expériences américaines récentes, ces études reprennent l’idée d’une plate-forme à l’arrière pour l’atterrissage et d’une autre à l’avant pour le décollage. En janvier 1911, l’Armée institue un brevet de pilote militaire, dont les épreuves sont passées par certains des officiers déjà cités. Mais le 14 avril, le LV Byasson, premier pilote de la Marine, se tue dans un accident aérien. Le même mois, le croiseur auxiliaire Foudre est choisi comme futur bâtiment central d’aviation et le CF René Daveluy est désigné comme « chargé de l’Aviation maritime ».
Daveluy entreprend une tournée des avionneurs et effectue quelques vols à Pau, alors que plusieurs officiers de marine pilotes participent à des compétitions, notamment l’EV Jean Conneau, qui se rend célèbre en remportant successivement trois courses, entre mai et juillet 1911. En septembre, Daveluy rédige un rapport qui débouche sur des propositions concrètes.
Ce rapport entraîne le 20 mars 1912 la parution d’un décret et d’un arrêté créant le Service de l’Aviation maritime. Cet organisme relève directement du ministre de la Marine. Il comprend le centre de Fréjus – Saint-Raphaël et le croiseur Foudre. Il est en outre doté de crédits budgétaires particuliers. Le 15 avril, le CF Fatou prend le commandement supérieur de l’Aviation maritime et de la Foudre. Celle-ci est alors aménagée pour pouvoir embarquer deux hydravions, et un hangar en toile est installé sur le pont. En mai, l’Aviation maritime ne dispose encore que d’un seul appareil, le biplan à roues Maurice Farman de 1910, en cours de transformation. En juin entrent en service trois nouveaux appareils, l’hydravion Canard Voisin et les Henri Farman HF1 et HF2.
Toutefois, le centre de Fréjus – Saint-Raphaël n’étant pas encore prêt à fonctionner, une base temporaire est installée près de Montpellier, Le MF1 est le seul à voler de juillet à octobre, date à laquelle il rallie Fréjus, Le Voisin est embarqué en juin sur la Foudre et vole aux mains du LV Cayla, mais il est détruit le 2 août et sera reconstruit sous une forme fort différente en Voisin 13,50 m sous le nom de V1 entrant en service en mai 1913. Un hydravion civil Nieuport, équipé d’un moteur 70 hp Gnome et piloté par l’EV Delage, embarque également sur la Foudre en juillet 1912.
L’hydravion civil Voisin, moteur 110 hp, appelé Les Armateurs de France, embarque aussi sur la Foudre en septembre et octobre, piloté par le LV Reynaud, ainsi que le Nieuport civil loué, piloté cette fois par le LV de L’Escaille.
Le centre de Fréjus – Saint-Raphaël est officiellement armé le 15 octobre et la Marine y réceptionne le 10 décembre son 4ème appareil, le Voisin V2.
Source : AERONAVALE.ORG
20 mars 1916 : naissance de Pierre Messmer.
Pierre Messmer, né le à Vincennes (Seine) et mort le à Paris, est un homme d’État français.
Engagé dans les Forces françaises libres (FFL), il a été après-guerre administrateur colonial. Il fut impliqué dans la Guerre du Cameroun entre 1956 et 1958, où il pilota la contre-insurrection contre les communistes indépendantistes. Ministre des Armées du général de Gaulle de 1960 à 1969, il fut nommé ministre d’État chargé des Départements et Territoires d’Outre-Mer en 1971. Pierre Messmer occupa le poste de Premier ministre du au , sous la présidence de Georges Pompidou et l’intérim d’Alain Poher. Il a été également maire de Sarrebourg de 1971 à 1989 et président du conseil régional de Lorraine de 1978 à 1979. Chancelier de l’ordre de la Libération et chancelier honoraire de l’Institut de France, il a été membre de l’Académie française de 1999 à sa mort.
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Mobilisé en 1939, il est sous-lieutenant au 12e régiment de tirailleurs sénégalais. Le , alors stationné dans l’Allier avec le lieutenant Jean Simon, ils entendent à la radio la demande d’armistice du maréchal Pétain. Affectés dans l’après-midi à Pau, ils obtiennent la permission de rejoindre par leurs propres moyens leur nouvelle affectation en empruntant une vieille moto. Refusant de cesser le combat, les deux jeunes gens traversent le Massif central pour éviter les colonnes allemandes. Leur moto tombant en panne, ils font du stop jusqu’à Tarascon avant de prendre le train à Beaucaire pour Marseille où ils arrivent le au soir. Le , Jean Simon rencontre le capitaine au long cours Humbert Vuillemin, commandant du Capo Olmo qui cherche des hommes sûrs pour l’aider à détourner le navire italien vers l’Angleterre. En lisant Le Petit Provençal, les deux officiers prennent connaissance de l’appel du 18 Juin lancé par le général de Gaulle et embarquent avec quelques autres clandestins. Le soir du , au sein d’un convoi, le bateau simule une avarie de machine et se détourne vers l’ouest. Le lendemain matin l’équipage est informé de la décision du commandant.
Le Capo Olmo arrive à Gibraltar le , puis rejoint Liverpool le . La cargaison du navire qui se compose de 481 tonnes de matériel de guerre divers en particulier douze avions Glenn Martin en caisses, des camions et tracteurs d’aviation, est ensuite vendue aux Anglais, permettant à la France libre de subsister pendant les trois premiers mois.
Messmer et Simon intègrent la 13e DBLE et participent ensemble aux combats en Érythrée, en Syrie, à Bir Hakeim et en Tunisie en 1943. En , Messmer part en mission aux Antilles avant d’être affecté à Londres à l’état-major du général Kœnig, commandant en chef des Forces françaises de l’intérieur (FFI) et commandant supérieur des forces françaises en Grande-Bretagne. En il est envoyé en Normandie et participe à la libération de Paris et à la libération de la France. Le il reçoit la Légion d’honneur des mains du général de Gaulle lors d’une cérémonie à l’Arc de triomphe.
Parachuté en Indochine en août 1945, Pierre Messmer est fait prisonnier par le Việt Minh et s’évade après deux mois de captivité. Il rejoint Hanoï où il est démobilisé et rendu à la vie civile. De retour à Paris, il confie à de Gaulle en tête à tête que, Saïgon mise à part, la France ne contrôle rien au Viêt Nam, la seule solution possible étant de négocier avec Hô Chi Minh. Pierre Messmer est par la suite colonel de réserve.
20 mars 1917 : entrée en guerre des Etats-Unis (Washington).
Le président Wilson convoque le Congrès des Etats-Unis en session extraordinaire. A l’unanimité, le gouvernement décide d’engager le pays dans la guerre.
20 mars 1929 : mort à 77 ans du maréchal Foch.
Le 11 novembre 1918, dans son wagon-bureau garé dans la clairière de Rethondes, Foch, commandant en chef des armées alliées, entouré de son état-major accorde aux plénipotentiaires allemands l’armistice que leur armée vaincue a sollicité. Pour Ferdinand Foch, né à Tarbes le 2 octobre 1851, c’est la consécration d’une carrière militaire commencée 48 ans plus tôt lors de son admission à l’École Polytechnique.
Après des études secondaires commencées au lycée impérial de sa ville natale, c’est à Metz, au collège Saint-Clément, tenu par les jésuites, que Ferdinand Foch prépare en 1869 le concours de Polytechnique. Mais voici la guerre. Ardent patriote, le jeune étudiant s’engage au 4e Régiment d’infanterie pour la durée du conflit. Libéré le 14 février 1871, sans avoir vu le feu, précise-t-il lui-même, Foch retourne à Saint-Clément. Comme il l’écrira plus tard, il prépare une carrière militaire : « quand nous étions sur ces bancs (Polytechnique), nous n’avions qu’une seule pensée : la revanche. Nous sentions tous qu’elle viendrait, qu’il le fallait. Aussi, je n’hésitais pas à me ranger parmi les volontaires pour l’artillerie désignés sous le nom de “petits chapeaux” ». Un choix guidé par la raison car à l’encontre de nombreux camarades attirés par le souffle épique de l’aventure coloniale, Foch sait que sa voie est dans l’étude des sciences militaires. Esprit scientifique féru de mathématiques, il « apprend à penser ».
La réflexion et l’analyse qui en découlent trouveront naturellement leur aboutissement dans la conduite de la guerre en 1918. Peu après la victoire, à un journaliste qui l’interrogeait, il répondra : « je ne peux parler que de mon métier. Faites le vôtre. Apprenez-le, je ne peux rien dire d’autre. Moi j’ai fait le mien, je l’ai pioché en long, en large et en profondeur. J’ai réussi probablement parce que j’avais bien travaillé mon affaire et que je la connaissais. Si j’ai pu faire face aux circonstances, c’est que j’avais tellement donné d’exercice aux muscles de mon esprit qu’ils étaient de force à agir… Ce qui m’a forcé à travailler mon métier, c’est d’avoir à l’enseigner. Quand on professe il faut faire attention à ce que l’on dit. Il faut être ferré à glace pour discuter. J’admets tout à fait la discussion et je ne crois pas que ma parole soit un évangile ».
Tout Foch est résumé dans ce court extrait : le montagnard pyrénéen obstiné, solide physiquement et le penseur. Toutefois, le théoricien qu’il deviendra à l’Ecole de guerre n’est pas le doctrinaire figé que l’on a parfois voulu voir en lui. Son action durant la Grande Guerre le démontrera et il saura en maintes occasions démontrer ses réelles facultés d’adaptation.
À la sortie de l’Ecole d’application de Fontainebleau en 1874, le sous-lieutenant Foch est affecté au 24e Régiment d’artillerie stationné alors dans sa ville natale, puis il suit le cours des lieutenants à Saumur avant de rejoindre le « 24 » installé dans un quartier récemment construit à Tarbes et qui deviendra le quartier Soult. Muté au 10e Régiment d’artillerie à Rennes, il y est affecté en qualité d’instructeur d’équitation. On le retrouve ensuite capitaine au 9e Régiment d’artillerie à Castres, puis commandant d’une batterie de l’artillerie de la 5e Division de cavalerie à Melun. Commandement de la troupe, instruction, exercices, manœuvres et stages lui confèrent l’expérience de l’officier et le préparent au concours de l’École Supérieure de guerre qu’il réussit brillamment. C’est à cet instant que démarre vraiment la carrière du futur maréchal dont l’un de ses professeurs, le commandant Millet a d’emblée évalué le caractère prometteur. Désormais, son nom sera intimement lié à l’École de Guerre. Après quelques mutations et des responsabilités sans cesse croissantes, le commandant Foch est maintenant connu du haut commandement et le 31 octobre 1894, il est nommé professeur à l’École de Guerre où il obtient la chaire d’histoire militaire, stratégie et tactique appliquées. Jusqu’en 1901, il formera six promotions d’officiers subjugués par ce professeur ouvert à toutes les hypothèses, mêmes les plus extrêmes. Esprit fort et réaliste, le lieutenant-colonel Foch, « dont l’élocution ressemblait à un coup de sabre », n’avait pas son pareil pour aller à l’essentiel. De quoi s’agit-il ? Cette question qui amorce le processus de raisonnement qui deviendra vite célèbre à l’École et caractérisera le personnage de Foch jusqu’au plus haut niveau de l’état-major interallié.
En 1901, le lieutenant-colonel Foch entame une nouvelle période en corps de troupe. Il est commandant en second du 29e d’artillerie à Laon, puis, promu colonel, il prend en 1903, à Vannes, le commandement du 35e Régiment d’Artillerie auquel il impulse une vigueur nouvelle tout en y appliquant les principes qu’il avait si brillamment professés quelques temps auparavant. Sans doute, aujourd’hui, aurait-il apprécié la mutation de son régiment en unité parachutiste évoluant dans la troisième dimension et toujours en pointe de la modernité. En 1905, il quitte le 35e RA pour l’état-major du 5e Corps à Orléans que commande le général Millet, son ancien instructeur, qui le voit avec satisfaction nommé général de brigade le 20 juin 1907, puis commander l’artillerie du 20e Corps d’armée.
Depuis longtemps, Foch a fait la preuve de ses qualités, toutefois, malgré sa renommée en tant que professeur, il s’en trouve certains qui lui reprochent dédaigneusement d’être un métaphysicien trop fidèle à « ces deux grandes abstractions que sont le devoir et la discipline ». Quand il se porte candidat à la direction de l’École Supérieure de Guerre, les attaques personnelles fusent. Néanmoins, sur les conseils du général Millet et à l’issue d’une entrevue avec Clemenceau, alors président du Conseil et ministre de l’Intérieur, Foch obtient le commandement de l’École le 1er octobre 1908. Comme directeur, il poursuit l’œuvre de longue haleine qu’il avait entreprise comme professeur. Trois ans qui permettront au maréchal de dire sans se vanter que peu de chefs, en 1914, connaissaient mieux que lui, des généraux aux capitaines, les officiers d’élite de l’Armée Française. Ainsi, en 1918, quand il assumera le commandement suprême, il trouvera à la tête des divisions et des corps d’armées, les soldats issus de son enseignement de 1894 à 1901 et, au commandement des régiments et des brigades, les promotions de 1907 à 1911.
En 1911, le général Foch quitte donc l’École de Guerre pour prendre le commandement de la 13e Division d’Infanterie, puis le 20 août 1913, celui du 20e Corps à Nancy. Là où jadis il entendit les fifres de Manteuffel, il défile à la tête de ses troupes au son de la Marche Lorraine ! C’est à Nancy qu’il entre en campagne. Désormais, et jusqu’en 1918, son action se fond dans le déroulement de la Grande Guerre. En 1914, c’est à la tête de la IXe Armée qu’il reprend l’offensive aux Marais de Saint Gond au cours de la bataille de la Marne, puis, il remporte la victoire de l’Yser et se distingue dans les Flandres et en Picardie. Nommé commandant du groupe d’armées nord, il combat en Artois en 1915 et sur la Somme en 1916. De 1917 jusqu’en mai 1918, il occupe les fonctions de chef d’état-major général. À cette date, la situation sur le front est précaire et les Allemands jettent leurs dernières forces
dans une nouvelle bataille de la Marne.
Le 26 mars, alors que les Allemands ont fait une brèche, l’urgence d’un commandement unique se fait sentir. Le même jour, à Doullens, près de Compiègne, les Alliés confient au général Foch la coordination de leurs armées. Le 14 mai 1918, il est nommé commandant en chef des forces alliées. Sans perdre un instant, le général s’implique personnellement dans la bataille qui fait rage sur un front de 500 kilomètres.
Ainsi, rapporte le général Weygand, son chef d’état major, en vingt-quatre heures, le nouveau commandant en chef des armées alliées, bien que muni de pouvoirs incomplets et ne disposant encore d’aucun état-major constitué, a personnellement pris contact avec tous les chefs qui sont aux prises avec l’ennemi. Il leur a fait connaître sa pensée, il leur a laissé ses instructions écrites et s’est assuré de leur exécution, il les a animé de son souffle et leur a inspiré confiance.
Le 6 août 1918, Foch est élevé à la dignité de maréchal de France et le 26 septembre, il lance l’offensive qui mènera les Alliés à la victoire. Une fois le succès acquis, après le triomphe du défilé de la victoire en 1919, couvert de gloire et d’honneurs, le maréchal de France, de Grande-Bretagne et de Pologne s’effacera volontairement.
Pendant de nombreuses années encore, il représentera triomphalement la France à l’étranger ; puis, le 26 mars 1929, onze ans jour pour jour après son intronisation à la tête des armées alliées, le corps de Ferdinand Foch « soldat de France » était conduit de Notre-Dame de Paris aux Invalides où il reposerait désormais. Parmi la foule nombreuse qui se pressait au passage du cortège, peut-être en était-il qui se souvenaient encore de son enseignement et de sa volonté de fer : victoire, égale volonté… Une bataille gagnée, c’est une bataille où l’on ne veut pas s’avouer vaincu… et encore, ultime leçon pour les chefs à venir : la victoire va toujours à ceux qui la méritent par la plus grande force de volonté et d’intelligence.
20 mars 1993 : collision entre le SNA américain USS Grayling et le SNLE russe K-407 Novomoskovsk.
L’incident sous-marin au large de la péninsule de Kola est la collision entre le sous-marin nucléaire d’attaque de l’US Navy USS Grayling et le sous-marin nucléaire lanceur d’engins de la Marine russe K-407 Novomoskovsk à 100 milles au nord de la base navale russe de Severomorsk, le . L’incident a lieu alors que le sous-marin américain, qui suivait le bâtiment russe, perd temporairement la trace du Novomoskovsk. Lorsque le Grayling réacquière l’écho du Novomoskovsk, la faible distance de seulement un demi-mille rend la collision inévitable. L’incident a lieu une semaine seulement avant le sommet organisé entre le président américain Bill Clinton et le président de la fédération de Russie Boris Eltsine.
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Le Novomoskovsk, commandé par le capitaine de premier rang Andreï Boulgarkov était en exercices d’entraînement au combat à 105 milles marins (194 km) au nord de Mourmansk. Ayant atteint l’extrémité nord de la zone définie pour ses exercices le Novomoskovsk fait demi-tour à une vitesse comprise entre 16 et 18 nœuds (30 à 33 km/h). 25 minutes plus tard, alors qu’il se trouvait à 74 mètres de profondeur, le Novomoskovsk ressent un impact suivi d’un bruit de crissement. Dans les secondes qui suivent, son sonar localise des bruits en provenance d’un sous-marin étranger croisant à proximité immédiate. Avant de quitter la zone, le Grayling s’assure que le sous-marin russe n’avait pas subi d’importants dégâts.
Une enquête révèle que le Grayling avait suivi les positions du Novomoskovsk depuis une position située entre 155 et 165 degrés à bâbord et d’une distance comprise entre 11 et 13 km (5,9 à 7,0 milles nautiques). Le Grayling perd la trace du Novomoskovsk lorsque celui-ci changea sa trajectoire de 180 degrés. Pour réacquérir sa cible, le Grayling accéléra en direction du point de perte de contact à une vitesse de 8 à 15 nœuds (15 à 28 km/h).
Les vagues déferlantes créées dans les eaux peu profondes de la mer de Barents générèrent un parasitage sonore, de sorte que lorsque deux sous-marins s’abordent l’un l’autre de front, chacun ne détecte la présence de l’autre que lorsque la distance entre les deux n’est plus que de quelques centaines de mètres. Le sonar passif du Grayling détecte le Novomoskovsk à une distance d’environ un kilomètre (0,54 mille nautique). La distance se rapprochant et le Combat information center (en) du Grayling prenant du temps à décider quelle était la meilleure option pour éviter la collision, le commandant du Grayling, le Captain Richard Self, essaya de changer sa trajectoire et de faire surface, mais cette tentative est rendue impossible par la quantité de mouvement Grayling. Le Grayling entre en collision avec la structure supérieure du Novomoskovsk, qui sort de la collision avec une importante égratignure sur son avant tribord. Le sous-marin américain doit également déplorer des dégâts mineurs. Le sous-marin américain est réparé et reste en service jusqu’en 1997, date à laquelle il est finalement désarmé. Le Novomoskovsk reprendra également du service, et après une refonte totale, il est programmé pour rester en service au sein de la Marine russe jusqu’en 2020.